Dans le n° 146-février 2023  - IPA  14437

Des infirmières en pratique avancée au chevet des résidents d'Ehpad

Pour répondre à une problématique de prise en charge des personnes âgées à domicile et en institution, des infirmières en pratique avancée (IPA) d'Essonne (Île-de-France) interviennent en binôme avec des médecins traitants.

Elles sont deux infirmières en pratique avancée (voir encadré) exerçant en Essonne à mener des consultations en alternance avec des médecins généralistes, auprès de personnes âgées en perte d'autonomie, à leur domicile et en maison de retraite. Une collaboration utile pour tous car le territoire est confronté à une problématique d'accès aux soins des seniors. Le Dr Marie-Laure Salviato, médecin généraliste et présidente de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Hygie Nord-Essonne est d'ailleurs appelée régulièrement, depuis un peu plus d'un an, par les directions de maisons de retraite peinant à recruter des médecins coordonnateurs et dont les résidents n'ont plus de médecins traitants. « Il s'agit d'une vraie problématique, notamment pour les renouvellements d'ordonnances », explique-t-elle. D'autant plus que les patients âgés sont généralement suivis pour des polymorbidités : hypertension, diabète, problèmes cardiovasculaires voire cognitifs. Certaines structures ont même alerté sur leur incapacité à prendre de nouveaux résidents, faute de médecins traitants.

Un gain de temps médical

Face à cette difficulté traversée par les établissements, le dispositif mis en place par les IPA et les médecins traitants s'avère être une solution payante. « J'interviens auprès d'une trentaine de patients, résidant en Ehpad, en collaboration avec trois médecins généralistes, explique Virginie Trumeau, IPA Asalée, au sein de la maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) des Bleuets de Savigny-sur-Orge. Ce travail en binôme libère du temps aux médecins, qui, désormais, acceptent de prendre davantage de patients en Ehpad, en tant que médecin traitant ». « Lorsque nous allons voir un patient en maison de retraite, cela prend environ une heure, indique un médecin d'une MSP du territoire souhaitant rester anonyme. Or, en une heure au cabinet, nous pouvons voir quatre patients. De fait, avoir une IPA qui coordonne la prise en charge est facilitateur dans notre organisation et nous permet de voir plus de résidents. »

Un protocole sécurisé

Un protocole sécurise la prise en charge. Dans un premier temps, le binôme rend visite au patient, au sein de l'Ehpad, afin de lui présenter la démarche. Ensuite, l'IPA réalise le suivi du patient, tous les mois et demi. Le médecin généraliste ne se rend au chevet du patient qu'une fois par an, sauf en cas de problème aigu ou d'alerte par l'IPA. À chaque visite, l'IPA ou le médecin effectue ensuite son compte rendu dans le dossier partagé du patient. « À la moindre urgence, je peux solliciter le médecin par téléphone et lui demander un conseil, une téléconsultation ou une visite, explique Virginie Trumeau. Tout est mis en oeuvre, en coordination ». « À titre d'exemple, lors d'une visite, l'IPA a constaté un rythme cardiaque irrégulier chez un résident, rapporte le Dr Salviato. Elle m'a appelée, j'ai envoyé mon interne effectuer un électrocardiogramme, qui a confirmé le problème, et nous avons pu organiser l'hospitalisation du résident en urgence. » L'IPA peut également prendre des décisions en toute autonomie dans le cadre de ses compétences propres, notamment prescrire des prises de sang. Sa prise en charge est holistique : elle s'attache à répondre aux problématiques biopsychosociales des patients, afin d'assurer une coordination globale des parcours.

Une création de liens entre professionnels

Cette nouvelle organisation a permis aux infirmiers et aux médecins libéraux de nouer des liens avec les équipes des Ehpad. Ensemble, ils travaillent en collaboration et en coconstruction, pour l'élaboration des parcours patients. « L'IPA entretient un lien avec l'infirmière de l'Ehpad, ce qui enrichit le parcours de santé du résident car elle apporte une autre vision et son expertise », se félicite la présidente de la CPTS.

« Nous prenons désormais le temps d'échanger, et les équipes de l'Ehpad n'hésitent plus à m'appeler si un patient rencontre une problématique, car elles savent que je peux servir de lien avec le médecin », indique Virginie Trumeau. La régularité des visites permet aussi de résoudre rapidement les problématiques rencontrées par les patients et d'éviter des décompensations, un vrai plus en termes de qualité des soins et de confort.

L'élaboration d'un protocole territorial

Avec une consoeur IPA exerçant dans la MSP d'une commune voisine (Paray-Vieille-Poste) et assurant le même type de consultations en Ehpad, Virginie Trumeau cherche à territorialiser cette approche. Soutenues par la CPTS Hygie Nord-Essonne, elles expérimentent un protocole depuis le mois de mai 2022, à savoir effectuer des consultations toutes les deux en binôme, auprès des résidents d'un Ehpad au sein duquel leurs médecins traitants respectifs ont des patients. « Pour l'Ehpad, c'est bénéfique d'un point de vue organisationnel, car nous venons sur la même journée, indique Virginie Trumeau. Quant à nous, nous apprenons l'une de l'autre car nous n'avons pas suivi la même formation, nous n'avons ni la même approche, ni la même expertise du métier d'IPA. » À l'issue de cette expérimentation - dont la durée n'est pas encore déterminée - elles analyseront la meilleure organisation. À terme, elles souhaiteraient constituer une équipe mobile d'IPA sur le territoire.

Qu'est-ce qu'une IPA ?

Une infirmière en pratique avancée est une infirmière de soins généraux, ayant poursuivi sa formation avec un master en pratique avancée. Cette formation lui permet d'exercer des missions élargies dans cinq domaines : les pathologies chroniques stabilisées ; l'oncologie et l'hémato-oncologie ; la maladie rénale chronique, la dialyse, la transplantation rénale ; la psychiatrie et la santé mentale ; les urgences. Les IPA exercent sous protocoles d'organisation avec des médecins, qui sont chargés de leur confier des patients. Les IPA peuvent renouveler, adapter voire prescrire des traitements ou des examens, assurer une surveillance clinique, mener des actions de prévention ou de dépistage, toujours en accord avec des médecins. L'exercice en ville se concentre principalement sur les IPA spécialisées en pathologies chroniques stabilisées.


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