Suite aux multiples polémiques liées aux plateformes de prises de rendez-vous médicaux en ligne, l'Agence des médecines complémentaires et alternatives (A-MCA) a été sollicitée par des acteurs du secteur pour sécuriser la démarche. Une initiative qui invite à réfléchir à la qualité et la sécurité des plateformes « bien-être ».
Des plateformes de rendez-vous « bien-être » seraient-elles utiles pour les Ehpad ?
« L'objectif de l'A-MCA est de structurer le champ des MCA et, de fait, accompagner les problématiques qui se posent concernant les plateformes bien-être, est une démarche utile pour répondre aux enjeux sociétaux d'un accès adapté et sécurisé aux pratiques pour les usagers », lance en guise d'introduction Véronique Suissa, directrice de l'A-MCA. Pour rappel, Doctolib s'est récemment vu reprocher d'avoir donné accès à des rendez-vous avec des naturopathes, dont la pratique n'est pas encadrée en France. Au-delà d'une approche réglementaire et législative, la polémique conduit à une autre analyse : des plateformes dédiées uniquement au « bien-être » pourraient-elles être utiles aux institutions de soins ou aux Ehpad ? « En cette période post-Covid, où l'accent est mis sur le bien-être des résidents, longtemps isolés dans les structures, pourquoi ne pas envisager l'existence et le recours à ce type de plateformes dans ce domaine en particulier ? », s'interroge Véronique Suissa.
Un système vertueux, gage de sécurité
Jusqu'à présent, « les plateformes bien-être recensent tous types de pratiques et de praticiens, sans aucun contrôle, constate-t-elle. Forcément, ce n'est pas gage de confiance pour les directeurs des structures, alors frileux de s'engager dans cette voie. » Face à l'absence de « tri » garantissant le sérieux des praticiens, l'A-MCA mobilise depuis sa création une réflexion structurante ; car des garde-fous s'imposent pour construire une démarche de qualité. Tout d'abord, s'interroger sur les pratiques à intégrer. « Il est essentiel de s'appuyer sur les normes existantes », informe Véronique Suissa. Bien entendu, les plateformes gagneraient à s'orienter uniquement vers celles détenant des normes de réglementations et/ou de formations.
Autre point d'attention : le choix des praticiens. Si actuellement, les plateformes les intègrent sans discernement, il importerait de considérer une variété de paramètres : statut, diplôme, expérience, formation continue, expertise dans le domaine des fragilités humaines et des personnes âgées, etc. Sans oublier la nécessité de s'assurer de la qualité de leurs parcours à travers une variété d'actions concrètes. « Ce type de vérifications est certes difficile mais indispensable », rapporte-t-elle.
Une offre en présentielle et en distancielle
Une plateforme associant visioconférence sécurisée et référencement de praticiens sélectionnés par le biais d'un processus de recrutement sérieux, pourrait pleinement s'intégrer dans des lieux tels que des Ehpad afin de proposer de l'activité physique adaptée, de la sophrologie voire des ateliers posturaux d'ostéopathie dans une démarche de prévention. « Ce modèle n'existe pas encore car il ne paraît pas rentable vu qu'il repose sur la qualité et non sur la quantité des praticiens », pointe du doigt Véronique Suissa. Dès que ce modèle fera ses preuves, il sera possible de le territorialiser en permettant un accès, au fil de l'eau, à des ateliers en présentiel. « Cette offre devrait dans tous les cas être accompagnée et structurée par l'institution qui souhaiterait y avoir recours », prévient Véronique Suissa. L'A-MCA réfléchit à plusieurs pistes concrètes pour contribuer à l'essor d'un modèle inédit de qualité en la matière.