Le Groupe SOS avait organisé le 11 mars dernier un débat sur le thème de la sexualité en EHPAD, un sujet tabou à bien des égards mais aussi une réalité dérangeante...
Des Sex toys en EHPAD ?
Ce n'est pas parce qu'on est âgé que la sexualité disparait comme par enchantement. Si tous les résidents ne sont pas très actifs en matière de sexualité, certains ont des besoins. Ce qui pose des problèmes en collectivité où le respect de l'intimité n'est pas toujours bien respecté et où la personne peut se sentir "sous tutelle". Marie de Hennezel, psychothérapeute et auteur d'un nouveau livre (Sex & Sixty; un avenir pour l'intimité amoureuse, chez Robert Laffont) le souligne : "On oublie que dans une maison de retraite le résident est chez lui. Pourquoi met-on un lit de 80 cm alors que la personne a toujours dormi dans un lit double pour pouvoir accueillir quelqu'un si elle veut". Annie de Vivie, d'Agevillage, raconte une histoire de sex toy fourni à une résidente qui se blessait avec tous les objets qu'elle trouvait dans son environnement. Lui fournir un sex toy lui a permis de ne plus finir aux urgences. Mais la réaction de la famille a été à hauteur du tabou que fournir un tel objet représente...
Une directrice de l'EHPAD de Yutz en Moselle a confirmé : "La difficulté est de répondre à un besoin en toute légalité. Des résidents s'appelaient par le nom de leurs anciens compagnons ce qui choquait la famille. Il y a aussi des besoins physiques et les gestes que subissent les soignants (attouchements, remarques). On a beaucoup de retard sur ces sujets".
Guy Sebbah délégué général du groupe SOS l'affirme : "les mêmes questions se posent avec les personnes handicapées. Il y a un travail à effectuer pour bien respecter les droits de l'Homme". "Tout le monde peut se dire qu'il y a des choses nouvelles à découvrir, poursuit Marie de Hennezel. C'est ce qui donne de la saveur au grand âge...". Elle souligne que l'âge permet aussi d'avoir une attitude plus ouverte car c'est une aventure de vieillir. Certaines personnes ont une attitude de fraîcheur qu'elles n'avaient pas avant. Il est possible d'être ouvert au nouveau. Vieillir ne diminue pas l'envie d'aimer. Et on le constate dans les EHPAD : partout il y a des histoires d'amour".
"Pour les familles il est inenvisageable qu'un parent âgé continue d'avoir une vie érotique, charnelle. Les comportements des familles sont inacceptables. Une personne quel que soit son âge ou son état a droit à l'affectivité. Ce n'est pas du tout une bataille gagnée...".
Une enquête de l'Institut du Bien vieillir indique que 36% des plus de 65 ans aimeraient que l'amour fasse partie des choses les plus souhaitées. Mais les obstacles sont nombreux : vieillissement, image de soi, solitude, image que renvoie la société, normes véhiculées sur l'âge...
Le soignant en établissement n'est pas dans une position facile entre la nécessaire bientraitance et l'exigence de sécurité. Marie de Hennezel souligne que le soignant doit conserver une attitude non intrusive et ne poser que des questions ouvertes (non stigmatisantes). L'attitude de la personne questionnée donne une indication sur l'attitude du soignant.
Le soignant comme les membres des familles peuvent méditer la parole de Marie de Hennezel : "le corps décline mais l'intériorité se développe, la pensée croît". L'amour aussi.