Avec l'avancée en âge, les pathologies visuelles ou auditives sont à l'origine de nombreuses difficultés : déplacement, lecture, écriture, orientation dans l'espace, équilibre. Non corrigées, elles peuvent entraîner une perte d'autonomie, parfois brutale. Et bien que les mesures de prévention se multiplient, l'appareillage et le renouvellement des équipements restent encore insuffisants. C'est le dossier du mois.
Des troubles à prendre au sérieux
Les baisses auditives ou visuelles vont progressivement fragiliser les gestes du quotidien, et altérer les moyens de communication avec les autres et la capacité de la personne à créer du lien. Les modifications physiologiques liées à ces pertes auditives ou visuelles isolent socialement, entraînant dépression, anxiété, frustration ou colère. On sait aujourd'hui que le degré de gravité des troubles émotionnels ou mentaux augmente avec celui de la perte auditive, mais aussi qu'une personne souffrant d'une baisse de 25 décibels présente trois fois plus de risques de chuter. Chaque palier supplémentaire de 10 décibels multiplie ce risque par 1,4.
De la perte sensorielle à la perte d'autonomie
Une équipe de chercheurs de l'Inserm à Bordeaux, après avoir analysé les données de l'étude Paquid (une cohorte de 3 577 habitants âgés de 65 ans ou plus, originaires de Dordogne et Gironde, suivie pendant 25 ans) confirme que le risque de démence, de dépression et de perte d'autonomie chez les plus âgés augmente avec la perte d'audition. Réalisés il y a 6 ans, en 2015, des tests montraient un déclin cognitif accéléré chez les personnes non équipées, malgré un besoin d'un appareil auditif. Une nouvelle enquête réalisée en 2018 complète ces données en révélant qu'une perte auditive non corrigée majore de 22 % le risque de développer une démence, de 33 % de devenir dépendant dans la vie de tous les jours. Elle accroît également de 43 % pour les hommes le risque de connaître une dépression. A l'inverse, aucun risque significatif n'a été démontré chez les personnes appareillées.
Des français qui minimisent leurs troubles
Pourtant les français ne prennent pas encore la mesure de ces conséquences. Un sondage BVA réalisé pour le compte du Syndicat des audioprothésistes publié le 23 février 2021, auprès de 2 000 français, indique que les personnes atteintes de troubles auditifs les minimisent et/ou en sous-estiment le retentissement sur leur qualité de vie : perte d'autonomie, chutes, dépression ou encore perte de mémoire. Le baromètre indique toutefois que la réforme 100 % santé pourrait inciter 8 % des français à s'équiper ou à renouveler leur équipement auditif.