Plutôt que réguler l'installation des médecins, Matignon veut leur imposer deux jours par mois de consultations avancées dans les territoires les plus critiques.

Déserts médicaux : le plan Bayrou ne convainc pas les médecins
« Médecins, seriez-vous prêts à exercer jusqu'à 2 jours par mois dans un désert ? », le portail santé Egora a posé la question à ses lecteurs, quelques heures à peine après la présentation, le 25 avril, par François Bayrou de son « pacte de lutte contre les déserts médicaux ». 87% du territoire classé en désert médical, six millions de Français sans médecin traitant. « Les déserts médicaux sont le symptôme le plus grave, le plus aigu et le plus insupportable de la fracture que nous avons laissé se créer au fil du temps dans notre territoire » et il s'agit du plan « de la dernière chance » pour notre système de santé qui « repose pour une part importante sur l'exercice libéral », a déclaré le Premier ministre depuis le village de Puycapel dans le Cantal. La mesure phare est l'instauration d'une « mission de solidarité obligatoire » sous forme de consultations avancées dans les territoires « les plus prioritaires ». Chaque médecin devra désormais y consacrer jusqu'à deux jours par mois, avec incitation financière... et ce ne serait pas une option, ou du moins il y aurait des pénalités pour les récalcitrants. Les conditions précises ne sont pas encore connues.
De ce plan en quatre « axes » qui doit rendre disponible « 80 millions de consultations supplémentaires par an » dans les zones en difficulté, a assuré François Bayrou, les médecins n'ont immédiatement retenu que cette mesure-là, pourtant présentée par lui comme un contrefeu à la proposition de loi Garot dont l'article 1, adopté par les députés, prévoit qu'un médecin ne pourra s'installer dans les 13% de zones suffisamment dotées que si un autre cesse son activité.
Les réactions ? Le Quotidien du Médecin du 25 les résume : « syndicats seniors comme juniors se montrent au mieux dubitatifs, au pire franchement critiques, au sujet du plan Bayrou contre les déserts médicaux. Beaucoup soulignent la difficulté d'assumer une nouvelle obligation solidaire en temps de pénurie médicale ». Ces syndicats juniors (externes, internes et jeunes médecins généralistes) ont appelé à la grève à compter du 28 avril et à une manifestation nationale le 29 avril à Paris avec le soutien des syndicats seniors pour s'opposer à la proposition de loi Garot. Et la reprise l'examen de la PPL Garot à partir du 6 mai promet d'autres levées de bouclier, en particulier contre le rétablissement de l'obligation de permanence des soins !Pour lire le