Tenir compte des impacts sociaux et environnementaux de son activité est une préoccupation nouvelle qui prend un relief particulier avec les avertissements des scientifiques sur la pollution de notre environnement. Il y a urgence. EHPAD et foyers-logements ont aussi leur révolution à effectuer.
Développement durable et RSE : une éthique à développer
Avant que la FNAQPA ne lance son opération ADD'AGE, aucun des EHPAD participants n'avait de stratégie spécifique prenant en compte le développement durable. Ce constat émane de l'enquête menée par l'Université Claude Bernard Lyon 1 auprès des 15 structures pionnières. Aucune n'avait de politique claire concernant leur politique d'achat (80% travaillent avec des centrales d'achat). 8% seulement avait mis en place une politique de réduction des déchets. Sur le gaspillage alimentaire, Dominique Gelmini à Jasseron (Ain) a divisé par 4 sa quantité de déchets cuisinés, la première année d'expérimentation. Avec 3 millions de repas servis par jour, les maisons de retraite peuvent espérer économiser chacune 35 à 40 000€ par an ! Calculez l'économie sur 7600 maisons de retraite et 2300 foyers logements... (plus de 350 millions d'euros par an !)
Sur la qualité de l'air intérieur et la prévention des pollutions chimiques, très peu d'EHPAD ont intégré ce risque. Concernant l'énergie, des enquêtes et actions ont été menées mais sans concertation entre les régions et sans partage des résultats (voir notre focus énergie dans le numéro 63 de décembre 2015).
La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) semble avoir plus de sens pour les directeurs d'EHPAD comme pour les salariés car elle touche au coeur du management des établissements : gouvernance, droits de l'Homme, relations et conditions de travail, environnement, loyauté des pratiques, consommation, développement local. Chaque salarié comme chaque résident se sent concerné par la manière dont la vie dans l'établissement s'organise. Avec la mise en place de micro projets, les salariés s'approprient concrètement la démarche et la direction doit s'impliquer et changer son management pour avoir une approche plus participative, moins pyramidale. RSE et développement durable interrogent notre façon de travailler, de vivre en société, de consommer, de réfléchir. Comment rester heureux et inactif dans un monde pollué ? Les résidents adhèrent à la démarche : "Le gaspillage m'est insupportable, dit une résidente de 90 ans de l'EHPAD l'Argentière (Vienne). Par exemple, on ferme le radiateur lorsqu'on ouvre les fenêtres, on éteint les lumières inutiles, on évite de laisser couler l'eau inutilement... Et surtout on arrête de jeter la nourriture. Ici, on ne jette plus de pain. Il est récupéré. Et je suis vigilante lorsque je vois une personne ne pas finir son assiette. Notre rôle de résidente impliquée est d'expliquer ces choix aux autres. Je suis très heureuse de vivre dans un établissement qui fait attention au gaspillage". Une autre indique que "toutes ces actions créent de la vie entre nous". Créer de la vie, ce n'est pas le moindre des mérites de ces démarches !