L'ARS Occitanie finance le dispositif infirmier d'astreinte de nuit entre Ehpad porté par les infirmières libérales de l'Union régionale des professionnels de santé.
Diane Occitanie : une quarantaine d'infirmières libérales d'astreinte
La présence d'une infirmière de nuit « éventuellement sous la forme d'une astreinte mutualisée entre établissements » fait partie des cinq nouveaux indicateurs des Ehpad. De fait, plusieurs modèles de mutualisation cohabitent depuis quelques années, avec, en commun, les mêmes objectifs-clés : la réduction du nombre de transferts inappropriés aux urgences et la sécurisation des soins et des équipes de nuit. Les résultats sont au rendez-vous, les agences régionales de santé (ARS) en ont donc fait une priorité.
C'est le cas de celle d'Occitanie, qui, comme d'autres, a choisi de s'appuyer sur l'un des leviers actionnables : l'engagement des infirmières libérales via leur Union régionale des professionnels de santé Infirmière (URPS infirmière). Après appel à candidature, l'Union régionale porte depuis novembre dernier le dispositif Diane Occitanie (« dispositif infirmier d'astreinte de nuit entre Ehpad »). C'est aussi le nom de la plateforme et de l'appli numériques innovantes qui l'outillent.
Janis Francazal, infirmière à Moissac (Tarn-et-Garonne), secrétaire générale de l'Union régionale et pilote du déploiement de Diane a pris son bâton de pèlerin. Avec efficacité. Une quarantaine d'infirmières libérales se sont portées volontaires pour participer à cinq dispositifs mis en place dans les départements ruraux ou semi-ruraux de l'Aveyron, du Gard, de la Lozère et du Tarn-et-Garonne, à raison d'une semaine à tour de rôle. Chaque dispositif regroupe en moyenne 8 Ehpad, avec un double impératif : géographique, pas plus de 40 minutes de route entre les deux plus éloignés ; démographique : au moins 7 à 8 infirmières chacun. Au total cela représente aujourd'hui environ 700 résidents par dispositif. « Les infirmières libérales maillent tout le territoire, elles sont un pivot du premier recours et sur le terrain, elles sont déjà d'astreinte 365 jours par an ! », souligne Janis Francazal qui ajoute que l'URPS a négocié un horaire de 21 h à 6 h du matin au lieu des classiques 20 h-7 h : « les infirmières commencent souvent leur tournée à 6 h 30 et il n'est pas question de les épuiser plus », explique-t-elle, avec au même moment et en caisse de résonance, la mobilisation inédite des infirmières libérales partout en France sur leurs conditions de travail et l'absence de revalorisation de leurs honoraires.
Aucun reste à charge pour les Ehpad
Et les honoraires justement ? La rémunération est de 100 euros la nuit en semaine et 150 euros le week-end et les jours fériés, 30 euros en cas de déplacement en Ehpad (suite à un appel de l'équipe de nuit), 20 euros la visite programmée sur des thématiques précises (1 à 3 Ehpad doivent être visités chaque semaine, hors sollicitations de l'équipe de nuit) et 20 euros de forfait téléphonique. Au total environ 850 euros la semaine. Le financement est directement versé au porteur du projet, l'URPS ici, sous forme de dotation financière (Ondam médico-social personnes âgées), sans aucun reste à charge pour les Ehpad. L'union reverse les forfaits d'astreintes aux infirmières. Mais « ce n'est pas l'argent qui motive principalement les infirmières, ces astreintes consacrent une reconnaissance de leur rôle premier à domicile - un Ehpad est un domicile - et, à côté de leurs tournées en solitaire, leur redonnent le sens du travail d'équipe. C'est important pour elles et pour les soignantes des Ehpad ! ».
L'alerte nocturne passe par l'aide-soignante de l'établissement qui, via l'appli Diane, doit tracer chaque sollicitation qu'elle fera de l'infirmière avec une fiche d'intervention qui décrit la situation et les antécédents du résident : « le contact se fait par téléphone ou par visio, notamment en Lozère où les conditions de terrain restent parfois difficiles, notamment l'hiver ». L'infirmière jointe la nuit donnera un conseil téléphonique, viendra pour un soin non programmé, ou déclenchera un appel au 15. L'agenda partagé de l'appli permet aux infirmières d'intervertir les dates d'astreinte si besoin... Au démarrage du dispositif toutes ont rencontré les équipes de nuit des Ehpad, pris connaissance des protocoles, vérifié le matériel de secours, les locaux, les équipements... Toutes ont aussi entamé un travail de sensibilisation et certaines d'aide à l'élaboration de protocoles - nécessaire par exemple dans le cas d'un Ehpad en sous-effectifs multipliant les appels pour des soins normalement programmés de jour... « Nous avons aussi pour mission de faire contribuer les Ehpad à la connaissance et à l'appropriation des motifs et modalités de recours à l'infirmière de nuit auprès de leurs équipes. Il est clair que nous n'avons pas pour mission de compenser le manque de personnel. »