Au sein de l'EHPAD Cousin de Méricourt à Cachan (Val-de-Marne), les infirmières revêtent un gilet orange fluo au moment de la distribution des médicaments. Un signe distinctif pour éviter, ou à défaut réduire, le nombre d'interruptions dans leur tâche.
Distribution des médicaments : ne pas déranger !
Bips, téléphones, sollicitations des résidents, demandes d'information d'autres membres du personnel ou simple bonjour... Les interruptions de tâches des infirmières, pendant la phase de l'administration des médicaments sont souvent sources d'erreurs. Selon une étude menée par des chercheurs australiens, en 2010, déranger une infirmière augmente de plus de 12 % les risques d'erreur. « Les médecins, les aides-soignants, la distribution des repas, du linge, une multitude de professionnels peuvent perturber l'attention des infirmières au moment de l'administration des médicaments aux résidents. Lorsque l'on a mis à plat les situations à risque dans l'organisation du travail (lire page XX), ce point a paru important à renforcer », explique Francine Amalberti, directrice de l'EHPAD Cousin de Méricourt à Cachan (Val-de-Marne).
Important voire crucial, d'autant plus que l'établissement compte 318 lits et que la distribution des médicaments s'effectue plusieurs fois dans la journée.
L'EHPAD de la région parisienne a opté pour une méthode originale : le port d'un gilet de haute visibilité par les infirmières. Ce vêtement distinctif sur lequel figure la mention "tâche interrompue égale risque d'erreur accru" signale aux autres professionnels que la soignante ne doit pas être dérangée (sauf urgence).
11, 5 fois moins d'interruptions
«Aux Etats-Unis, les établissements de santé ont recours à de ces méthodes d'identification, dans différents services. En France, le CHU d'Angers a également adopté ce dispositif avec des gilets bleu. L' EHPAD a fait le choix de gilets d'une couleur orange fluo, similaires à ceux de la prévention routière. Il nous a fallu quatre mois pour trouver ces gilets. Nous sommes passés par l'Union des groupements d'achat public (UGAP) pour les acquérir », précise Francine Amalberti.
Pour mesurer l'efficacité de ce dispositif, l'EHPAD Cousin de Méricourt a réalisé une étude comparative entre des infirmières portant le gilet durant la distribution des médicaments et celles effectuant la tâche mais sans port de gilet. Quatre infirmières du matin et quatre infirmières de l'équipe d'après-midi ont participé à l'étude sur un effectif total de 19 infirmières. « Les soignantes qui portaient le gilet au moment d'effectuer cette tâche sensible ont bénéficié d'une moindre interruption : 11, 5 fois moins! Au regard des résultats encourageants obtenus, le port du gilet sera généralisé aux 19 infirmières de la résidence. Cette solution est efficace tout en étant peu coûteuse ! L'ANAP a été très intéressée par notre expérimentation. Elle envisage même de d'intégrer l'idée du port du gilet dans la version 2 de l'Outil Inter Diag Médicaments pour les EHPAD», se satisfait Francine Amalberti. Et d'ajouter : « L'établissement envisage d'équiper les infirmières de tablettes tactiles pour valider l'administration des médicaments mais il nous faut trouver le financement».