Une enquête du Parisien et un article scientifique de la revue GPNV donnent une intéressante double focale sur un phénomène rare mais qui interpelle la société.

Double suicide ou homicide-suicide de couples âgés : du fait divers à la littérature scientifique
Co-auteur d'une enquête du Parisien sur les couples âgés qui veulent mourir ensemble parue le 16 février, Vincent Mongaillard la raconte dans un podcast de la collection Code source. Le point de départ ? La comparution d'une septuagénaire devant le tribunal de Meaux pour administration de médicaments. Roger et Claire Quilliot en 1998, Bernard et Georgette « les amants du Lutétia » en 2013... des faits divers célèbres ou d'autres moins médiatisés (c'est le cas ici) ont réinterrogé la notion d'aide à mourir, ce que le podcast rappelle alors que le sujet va revenir dans l'actualité.
Un travail, scientifique lui, vient de paraître sur une thématique proche dans la revue Gériatrie et Psychologie Neuropsychiatrie du Vieillissement (GPNV) de décembre 2024 signé de quatre médecins du service de médecine légale du CHU de Nantes : « Homicide-suicide : particularités gériatriques en médecine légale » avec pour première phrase de résumé : « Les homicides-suicides au sein du couple sont des situations rares mais qui peuvent être considérées comme des décès évitables ».
La thématique de l'homicide suicide n'est pas la même que le double suicide concomitant « mais les facteurs de risques apparaissent globalement proches », notent les auteurs qui ont repris avec les mots clés murder-suicide, homicide-suicide, elderly, dyadic death les principaux articles de référence sur le sujet dont une revue de littérature internationale en 2020. Ils se sont appuyés aussi sur des exemples récents documentés par des constatations judiciaires et médico-légales qui leur ont permis d'illustrer certains aspects spécifiques de cette population. Les facteurs de risque ? La santé mentale, les maladies chroniques et la douleur, l'isolement social, les facteurs familiaux et les dynamiques relationnelles... Les mécanismes sous-jacents ? La théorie de la douleur partagée, celle de la charge de soins... Les auteurs retiennent plusieurs signaux d'alerte : l'aidant principal est un homme, il existe une dégradation de l'état de santé de l'un des deux et/ou une discussion d'entrée en institution et une arme à feu est à disposition... De quoi cliniquement tenter d'identifier et évaluer les risques. En matière de prévention, leur trilogie est le soutien psychologique, l'accès aux soins palliatifs et services de répit et la sensibilisation/formation des professionnels de santé.