Stéphanie Chauveau exerce le métier encore peu connu en France de thanadoula. Ce terme désigne un accompagnant de fin de vie, également appelé death doula et end-of-life guide aux États-Unis.

Doula de fin de vie
Apporter un soutien aux personnes mourantes pour mettre de l'humanité jusqu'au bout du chemin de la vie, peut-on lire sur son site. Installée dans les Landes, Stéphanie Chauveau est thanadoula. Un métier qui remonte aux Grecs, connu sous le nom de death doula et end-of-life guide aux États-Unis, mais encore peu répandu en France. Leur rôle ? Mettre en place un environnement serein, de confiance et propice à une fin de vie paisible. Un choix de reconversion, à 50 ans passés, qui n'est pas né du hasard.
Après 17 ans passés au service commercial de Bayard, Stéphanie Chauveau ressent un profond besoin de donner un sens différent à sa vie professionnelle. Elle évoque le burn-out de son mari et le décès de son frère comme des moments déclencheurs : « En faisant un bilan de compétences, j'ai compris que mes engagements tournaient depuis longtemps autour du sujet de la mort, sans que j'ose l'admettre. » Elle suit alors une formation à l'Institut Deuil-Doulas de fin de vie pour accompagner les mourants. Son rôle est de faciliter l'expression des dernières volontés, d'apaiser les peurs et d'encourager les discussions souvent difficiles. « Mon but est d'aider les personnes à surmonter ce passage avec sérénité, en leur permettant de ne pas partir seules », résume-t-elle. En Ehpad, les résidents lui confient leur souhait d'en finir et là où d'autres évitent le sujet, elle s'assoit - toujours en face - et écoute attentivement. Chaque accompagnement est unique et personnalisé : elle évoque par exemple cette femme passionnée de montagne, à qui elle a décrit des paysages pour l'apaiser dans ses derniers moments. Pour une autre, elle a fait venir une biographe, permettant à la personne de confier des choses jamais dites à ses enfants. Si l'écoute est le soin numéro un, Stéphanie ne se limite pas à cela. Formée aux techniques du toucher-massage, elle utilise des gestes simples qui réconfortent. « Tenir la main ou faire un massage crânien libère les émotions et fait couler les larmes », remarque-t-elle. Son accompagnement ne se limite pas aux mourants : elle soutient aussi les familles souvent démunies face à la mort. « L'angoisse de perdre un être cher est souvent paralysante. Ils craignent de mal faire, de mal dire. » Elle se souvient d'une amie chanteuse lyrique appelée à la rescousse alors qu'elle était au chevet de sa grand-mère mourante : « Je lui ai demandé de chanter ! C'était le plus beau cadeau qu'elle pouvait lui faire. Quelques instants plus tard, elle s'éteignait paisiblement. »
La thanadoula soutient également les soignants, souvent mal à l'aise face à la mort. Elle évoque une intervention dans un établissement à la suite d'un suicide. « J'ai animé un moment d'échange pour le personnel et les résidents sous le choc. Au moyen de post-it, chacun a pu mettre des mots ce qu'il ressentait. » Stéphanie Chauveau rêve que les Ehpad développent des cafés mortels pour libérer la parole autour de ce sujet tabou. « Il y a beaucoup d'initiatives à développer pour le "bien mourir" en France », estime-t-elle. Des maisons de retraite l'ont déjà sollicitée pour animer des ateliers autour des rites funéraires ou des étapes du deuil. Mais elle le sait, il y a encore de la méfiance à l'égard de ce nouveau métier « au nom qui peut faire peur quand il n'est pas associé à des pratiques ésotériques ». Pour Stéphanie, parallèlement aumônier en Ehpad, accompagner la fin de vie est devenue une vocation : « La mort fait partie de la vie, il est important d'y être préparé et de l'accompagner avec autant de soin et de respect que le début de la vie. »