Dans le n° 163-octobre 2024  - Métier  17169

Doula de fin de vie

Stéphanie Chauveau exerce le métier encore peu connu en France de thanadoula. Ce terme désigne un accompagnant de fin de vie, également appelé death doula et end-of-life guide aux États-Unis.

Apporter un soutien aux personnes mourantes pour mettre de l'humanité jusqu'au bout du chemin de la vie, peut-on lire sur son site. Installée dans les Landes, Stéphanie Chauveau est thanadoula. Un métier qui remonte aux Grecs, connu sous le nom de death doula et end-of-life guide aux États-Unis, mais encore peu répandu en France. Leur rôle ? Mettre en place un environnement serein, de confiance et propice à une fin de vie paisible. Un choix de reconversion, à 50 ans passés, qui n'est pas né du hasard.

Après 17 ans passés au service commercial de Bayard, Stéphanie Chauveau ressent un profond besoin de donner un sens différent à sa vie professionnelle. Elle évoque le burn-out de son mari et le décès de son frère comme des moments déclencheurs : « En faisant un bilan de compétences, j'ai compris que mes engagements tournaient depuis longtemps autour du sujet de la mort, sans que j'ose l'admettre. » Elle suit alors une formation à l'Institut Deuil-Doulas de fin de vie pour accompagner les mourants. Son rôle est de faciliter l'expression des dernières volontés, d'apaiser les peurs et d'encourager les discussions souvent difficiles. « Mon but est d'aider les personnes à surmonter ce passage avec sérénité, en leur permettant de ne pas partir seules », résume-t-elle. En Ehpad, les résidents lui confient leur souhait d'en finir et là où d'autres évitent le sujet, elle s'assoit - toujours en face - et écoute attentivement. Chaque accompagnement est unique et personnalisé : elle évoque par exemple cette femme passionnée de montagne, à qui elle a décrit des paysages pour l'apaiser dans ses derniers moments. Pour une autre, elle a fait venir une biographe, permettant à la personne de confier des choses jamais dites à ses enfants. Si l'écoute est le soin numéro un, Stéphanie ne se limite pas à cela. Formée aux techniques du toucher-massage, elle utilise des gestes simples qui réconfortent. « Tenir la main ou faire un massage crânien libère les émotions et fait couler les larmes », remarque-t-elle. Son accompagnement ne se limite pas aux mourants : elle soutient aussi les familles souvent démunies face à la mort. « L'angoisse de perdre un être cher est souvent paralysante. Ils craignent de mal faire, de mal dire. » Elle se souvient d'une amie chanteuse lyrique appelée à la rescousse alors qu'elle était au chevet de sa grand-mère mourante : « Je lui ai demandé de chanter ! C'était le plus beau cadeau qu'elle pouvait lui faire. Quelques instants plus tard, elle s'éteignait paisiblement. »

La thanadoula soutient également les soignants, souvent mal à l'aise face à la mort. Elle évoque une intervention dans un établissement à la suite d'un suicide. « J'ai animé un moment d'échange pour le personnel et les résidents sous le choc. Au moyen de post-it, chacun a pu mettre des mots ce qu'il ressentait. » Stéphanie Chauveau rêve que les Ehpad développent des cafés mortels pour libérer la parole autour de ce sujet tabou. « Il y a beaucoup d'initiatives à développer pour le "bien mourir" en France », estime-t-elle. Des maisons de retraite l'ont déjà sollicitée pour animer des ateliers autour des rites funéraires ou des étapes du deuil. Mais elle le sait, il y a encore de la méfiance à l'égard de ce nouveau métier « au nom qui peut faire peur quand il n'est pas associé à des pratiques ésotériques ». Pour Stéphanie, parallèlement aumônier en Ehpad, accompagner la fin de vie est devenue une vocation : « La mort fait partie de la vie, il est important d'y être préparé et de l'accompagner avec autant de soin et de respect que le début de la vie. »

27/02/2025  - Fin de vie

Double suicide ou homicide-suicide de couples âgés : du fait divers à la littérature scientifique

Une enquête du Parisien et un article scientifique de la revue GPNV donnent une intéressante double focale sur un phénomène rare mais qui interpelle la société.
11/02/2025  - Projet de loi

Fin de vie et soins palliatifs : Catherine Vautrin plaide pour un seul texte

Pour la ministre, « le texte initial a le mérite de la clarté vis-à-vis de nos concitoyens ».
23/01/2025  - Projets de loi

François Bayrou souhaite deux textes pour les soins palliatifs et l'aide à mourir

L'annonce du Premier ministre de la scission en deux du projet de loi arrêté net par la dissolution à l'été 2024 suscite des réactions clivées.
21/01/2025  - Loi Rist

Accès direct aux infirmiers en pratique avancée : enfin le décret !

Un décret du 20 janvier précise les modalités d'accès direct aux IPA et donne un cadre réglementaire à la primo-prescription en attente de l'arrêté qui listera les produits de santé ou des prestations concernés.
20/01/2025  - Métier

Réconcilier vocation et reconnaissance pour un avenir durable

Face à une crise de fidélisation, le secteur médico-social doit redéfinir ses priorités. La vocation et l'engagement suffisent-ils encore ? Entre salaires compétitifs, meilleures conditions de travail et reconnaissance, un nouvel équilibre est à inventer pour attirer et retenir les talents.
13/01/2025  - Déserts médicaux

Médecins : l'assistanat territorial pour sauver la liberté d'installation ?

« Du gagnant-gagnant » soulignent l'Ordre des médecins, les doyens de faculté de médecine et les étudiants.
05/12/2024  - Drees

+ 37 % d'infirmières en 2050, mais ce ne sera pas assez

Le nombre d'infirmières augmenterait fortement d'ici à 2050, mais il en faudrait 80 000 de plus que cette projection pour couvrir les besoins en soins de la population vieillissante.
02/12/2024  - FICHE METIER

Socio-esthéticienne

La profession de socio-esthéticienne est en plein essor. Elle consiste à proposer des soins esthétiques à un public vulnérable. Le but : apporter confort et bien-être et soulager les souffrances physiques et morales.
02/12/2024  - Recherche anthropologique

Vers une humanisation et une valorisation des métiers dans les Ehpad

En France, l'examen des initiatives politiques récentes souligne une prise de conscience croissante des défis posés par le vieillissement de la population (Clot et al., 2021). Cependant, l'action concrète reste insuffisante, freinée en 2024 par le retard de la loi « Bien Vieillir », destinée à garantir un vieillissement digne, même en situation de grande dépendance.