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Du côté des fédés
La situation financière des établissements et services pour personnes âgées ne cesse de se dégrader, alerte la Fnadepa
L'enquête menée par la Fnadepa auprès de ses 1 500 adhérents - directeurs d'Ehpad, résidences autonomie et services autonomie à domicile - révèle que plus de 65 % des ESMS ont terminé l'année 2023 dans le rouge, avec un déficit moyen de 177 302 euros. Et une aggravation du niveau de déficit de 23 % entre 2022 et 2023.
Et ce, malgré le recours à des réserves de compensation pour 69,6 % des structures ; et le versement d'aides pour 42,3 % d'entre elles (crédits non reconductibles, subventions publiques et associatives, fonds d'urgence...) témoignant d'un effort d'une ampleur inégalée de la part des ARS, Conseils départementaux et communes pour secourir le secteur du Grand âge.
« La situation atteint un niveau critique inédit. Même sous perfusion, ce qui n'est déjà pas acceptable, notre secteur est en danger », s'alarme Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa. « 48 % des établissements et services ne disposent pas de réserves de compensation suffisantes en cas de déficit. Pour plus de la moitié des Ehpad, l'augmentation du tarif hébergement est restée inférieure à l'inflation. À domicile, ce n'est guère mieux, avec la moitié des services déficitaires. Sans réforme majeure, nous allons prendre de plein fouet le mur démographique ! »
Seule éclaircie - toute relative, car les tensions subsistent encore fortement : la situation RH semble s'améliorer dans les établissements et services. Ainsi, 58 % d'entre eux manquent de personnel - ils étaient 82 % l'année dernière, à hauteur de 4 ETP en moyenne. Preuve de l'efficacité des actions mises en oeuvre (limitation du recours à l'intérim, innovations dans les modes de recrutement, etc.), mais qui doivent être intensifiées.
Un Géronforum placé sous le signe de la participation et de l'inspiration
« L'important, c'est de (faire) participer » - sans être sportif -, tel était le défi de la Fnaqpa lors de l'édition 2024 de son Géronforum qui s'est tenu à Strasbourg du 12 au 14 juin. Pendant 3 jours, le champ des possibles a largement été exploré. Malgré la morosité ambiante, l'inspiration et la respiration étaient au RDV. Inspiration, avec de nombreux retours d'expériences, français et étrangers, prouvant qu'à domicile comme en établissement, le champ des possibles est infini en termes de qualité d'accompagnement, dès lors que l'on travaille sur les capacités restantes et les attentes des personnes âgées. Faisant au passage la démonstration que notre système, basé sur la gestion du risque et des incapacités, fait fausse route, la présentation du modèle scandinave et néerlandais de « reablement » (« recapacitation ») s'est révélée particulièrement inspirante.
Lors du « Grand débat sans langue de bois », ni Jean-Benoît Dujol, directeur général de la cohésion sociale, ni Christian Fischer, directeur de l'autonomie de la collectivité européenne Alsace, n'ont éludé la moindre question, challengés par Romain Gizolme et Didier Sapy, directeurs de l'AD-PA et de la Fnaqpa.
Mais le moment d'exception de ces 3 jours reste sans conteste la séquence respiration. Après la projection d'un film documentaire sur un enfant de 9 ans s'occupant de personnes âgées pauvres et vulnérables d'un bidonville de Colombie, les participants ont eu la surprise de voir arriver cet enfant devenu adulte, Albeiro VARGAS, dit « le petit ange de Colombie », nominé au prix Nobel de la Paix pour son oeuvre auprès des personnes âgées. Un moment de partage et d'émotion qui restera gravé dans les mémoires.
Finalement, l'objectif de rebooster les troupes est largement atteint pour la Fnaqpa. En témoigne le mot de la fin de Franck Descotes, directeur général de l'association Odelia : « le meilleur Géronforum auquel j'ai participé, avec un seul regret : que tous les directeurs de France n'aient pas été là ».