" On appréhende la personne dans son environnement : la famille dans le déni, le logement qui s'écroule,... "
Du théâtre au soin
Parfois on devient aide-soignante par hasard. L'histoire de Christine Corin, aide-soignante dans un SSIAD de Cherbourg, le prouve.
A 11 ans, la petite Christine n'a qu'une passion dans la vie. " Je voulais être comédienne, affirme l'aide-soignante, je n'ai pas trop réfléchi à mon avenir ! " Aussi jusqu'à 22 ans, la vie -parisienne - est faite de cours, de spectacles et d'un DEUG de Lettres Modernes. Principe de réalité aidant, il faut gagner sa vie. S'enchaînent alors les CDD, l'intérim, les petits boulots, l'arrivée d'un enfant.
A Cherbourg la jeune femme se dirige vers un poste en PAO (Publication Assistée par Ordinateur), qui se termine par un licenciement, puis vers un poste d'ouvrière en usine. Instructif mais insuffisant. Que faire ? " J'ai intégré une formation d'aide-soignante, enchaîne Christine. Ce métier concret, avec des relations humaines, me tentait. " Un stage l'emmène en EHPAD, où elle choisit d'entrée de travailler en Unité protégée. " Je ne voyais pas cela ainsi, confie-t-elle. Il y a des différences entre la théorie et la pratique. Au quotidien on ne peut pas tout faire." Depuis sept ans elle intervient dans un SSIAD. Autre univers, autre rythme. " On est en équipe mais on travaille seul, résume Christine. C'est un fonctionnement très responsabilisant où on appréhende la personne dans son environnement : la famille dans le déni, le logement qui s'écroule,... Il faut aussi gérer les AIT (accident ischémique transitoire), appeler les pompiers, éteindre le gaz ou enlever les barquettes en pastique du four à micro-ondes... " Et supporter " le regard négatif de la société sur ce métier ".
Aujourd'hui, à 50 ans, Christine veut aller plus loin. " J'ai besoin d'évoluer, d'échanger avec d'autres professionnels, explique-t-elle. J'ai demandé une formation d'assistant de soins en gérontologie*. Ce sera une évolution personnelle et cela aidera l'équipe dans les prises en charges. Tout seul on ne fait rien." En attendant, l'aide-soignante personnalise ses soins : massages des mains, des pieds ou du dos pour les uns, séquences de clown ou de chant pour les autres. Finalement, la comédienne n'est pas loin.
* cf. Plan Alzheimer 2008-2012