Deux chercheurs de l'EHESP publient une étude sur les maires à la recherche d'une politique vieillesse qui ne soit plus ehpadocentrée.
Ehpad communaux : entre « bureaucratie » et désir de personnalisation des élus
Dans le cadre d'un numéro de la Revue française des affaires sociales (RFAS) consacré au thème de la transformation des bureaucraties sociales paru le 5 août, Hélène Croguennec-Le Saout et Gaël Goron, enseignants-chercheurs à l'École des hautes études en santé publique (EHESP) ont interrogé cette notion de « bureaucratie » (outils de planification régionaux et départementaux, convergence tarifaire) à l'échelle d'une commune avec des élus soucieux de conserver « une capacité à élaborer des réponses personnalisées ».
Ils publient un article titré « Politique territoriale de la vieillesse : y a-t-il encore une place pour les élus communaux face à la bureaucratisation ? » qui s'appuie sur une enquête qualitative, conduite auprès de 12 collectivités locales réparties sur les quatre départements bretons, consacrée au rôle des élus communaux dans les politiques à destination de la vieillesse. Il met en avant une évolution de la manière dont ces acteurs conçoivent leur rôle.
L'une des manifestations les plus courantes de la politique de la vieillesse à l'échelle communale tient à la présence sur le territoire d'un Ehpad dont les maires assument le plus souvent la présidence du conseil d'administration. Cependant, les élus communaux ont vu leurs marges de manoeuvre dans la gestion de ces établissements réduites sous l'effet des instruments de régulation introduits par la loi du 2 janvier 2002, puis par la loi d'adaptation de la société au vieillissement de 2015 qui illustrent la bureaucratisation de la politique de la vieillesse.
Au-delà des stratégies usuelles de contournement des instruments d'action publique, l'enquête met en évidence une tentative de reformulation des enjeux de la politique de la vieillesse par les élus. En substituant le senior ou l'aîné à la personne âgée dépendante, ils portent une approche transversale du vieillissement. Dès lors, il ne s'agit plus seulement de maintenir sur le territoire des Ehpad soumis aux règles nationales mais de développer une politique intégrée du vieillissement à l'échelle communale. Loin de marquer une rupture avec le niveau national, ces tentatives de reformulation peuvent s'appuyer sur la notion de virage domiciliaire qui a droit de cité au niveau central.