Les Prs Hubert Blain et Régis Gonthier demandent que des Ehpad puissent proposer des tarifs hébergement encadrés, qu'une tarification à la qualité soit ajoutée et qu'au même titre que les hôpitaux des visites de certification soient instaurées.
Ehpad : deux gériatres plaident pour un encadrement du tarif hébergement et des visites de certification
Après un rapport de l'Académie nationale de médecine sur l'Ehpad après la Covid, et dans le contexte du scandale Orpéa, deux professeurs de gériatrie, Hubert Blain responsable du pôle de gérontologie au CHU de Montpellier et Régis Gonthier, membre de l'Académie ont publié dans le Figaro une tribune où ils reviennent sur le financement actuel des Ehpad qui « a permis une amélioration considérable de la qualité de la prise en charge », mais elle a aussi « progressivement conduit à des effets pervers ». Le prix de journée «?hébergement?» est « devenu trop élevé compte-tenu du niveau de ressources moyen des retraités, obligeant beaucoup d'entre eux soit à dépenser les économies de toute une vie, soit à renoncer à aller en Ehpad malgré l'épuisement du proche aidant à domicile, écrivent-ils : cette augmentation du prix d'hébergement est en grande partie imputable à l'augmentation des coûts de l'immobilier, en particulier dans les métropoles, aux coûts de gestion rendus nécessaires pour répondre aux réglementations contraignantes, et au souci de rentabilité lorsque les établissements sont à but lucratif ».
Si le libre choix des futurs résidents à hauts revenus doit être respecté, disent-ils en substance, « il est impératif de prévoir un dispositif national afin que des établissements puissent offrir un hébergement à tarif encadré pour permettre l'accueil des personnes à faible niveau de ressources, indépendamment des mécanismes d'aide sociale ».
Par ailleurs, les tarifs «? soins? » et «? dépendance ?» sont réévalués tous les 5 ans en fonction des besoins moyens des résidents pris en charge mais « ce système a un effet pervers?: il n'incite pas à la mise en place de mesures de prévention pour ralentir l'évolution des pathologies et de la dépendance ». Pour eux, une tarification «? à la qualité? » devrait donc compléter le dispositif pour valoriser (ou sanctionner si elles font défaut) les actions en faveur de la qualité de prise en charge et le projet de vie. Enfin, les Ehpad « étant devenus des lieux de soin à part entière », ils plaident pour des visites de certification « au même titre que les hôpitaux » afin de « vérifier que les conditions annoncées d'accueil, de qualité de vie, de qualité des soins et d'accompagnement de la dépendance, de formation des professionnels et de l'intégration à son environnement soient respectées ». Ces visites de terrain devraient se substituer aux rapports d'activité que les Ehpad doivent rendre aux tutelles, et déboucher sur des conseils, demandes d'ajustement, incitations financières, voire pénalités ou menaces de fermeture si une maltraitance y est observée.