EHPAD Dujarié de Ruillé-sur-Loir : osez l'ostéo !
Médecine complémentaire, l'ostéopathie et ses techniques de manipulation sont garantes de l'harmonie des systèmes nerveux, musculaires et circulatoires. À Ruillé-sur-Loir (Sarthe), l'EHPAD Dujarié a intégré l'ostéopathie pour la prise en charge de la douleur... et beaucoup d'autres symptômes.
L'histoire commence en 2008 quand Sébastien Forget doctorant sur la douleur de la personne âgée, frappe à la porte de l'EHPAD. L'objectif du kinésithérapeute (DE) qui termine une formation d'ostéopathe ? Décrocher un stage. Convaincu par le projet de l'étudiant et son protocole de thèse sur 1 000 patients Bernadette Veillon, directrice de l'EHPAD, en accord avec le projet de vie et de soins de la maison, tente l'expérience. " Pendant six mois, toute l'équipe, du médecin-coordonnateur aux aides-soignantes, a pu constater l'efficacité de l'ostéopathie sur les résidents, résume la directrice. Nous avons noté une amélioration du sommeil, une reprise fonctionnelle, une augmentation de l'autonomie, le tout accompagné d'une baisse de la consommation des anti-inflammatoires et des analgésiques ! " Entre qualité de vie et avantage économique, la cause est entendue. En 2009, l'ostéopathie entre dans les pratiques de soins de l'EHPAD et l'ostéopathe, diplômé de l'École Supérieure d'Ostéopathie de Paris, dans l'équipe. Et ce à raison de 2 demi-journées par semaine, financées sur le budget Soins. Le process est clair. " Je vois tous les résidents à leur arrivée dans l'EHPAD pour un premier bilan, explique l'ostéopathe. C'est l'occasion d'un questionnement approfondi : l'ostéopathie s'intéresse autant à la dimension physique qu'à la psychologique. Ensuite je vois les résidents systématiquement trois fois par an ou davantage, en fonction des pathologies. " Dans la grande majorité des cas, la première consultation met en lumière des douleurs arthrosiques, généralement traitées par des antalgiques. Une habitude qui fait réagir fort notre ostéopathe.
" En fonctionnant mieux, le corps va s'user moins "
" Pour les médecins-traitants, les douleurs de l'âge sont normales, on ne peut donc rien y faire, soupire Sébastien Forget. Pourtant mon étude a démontré que l'ostéopathie faisait baisser les douleurs de 50 % en moyenne et diminuait de 37 % la consommation d'antalgiques. " Attention toutefois de ne pas faire de l'ostéopathie un remède miracle. " On ne reconstruit pas le cartilage, rappelle l'ostéopathe. Les techniques de remobilisation et d'étirement limitent l'évolution de l'arthrose, elles ne la font pas disparaître. En fonctionnant mieux, le corps va s'user moins. "
Les autres motifs d'intervention sont la constipation, qui sera combattue en redonnant de la mobilité, la prévention de la douleur en soins palliatifs, les problèmes d'équilibre. " Les troubles mécaniques sont une des causes les plus fréquentes des chutes, avec les effets indésirables des neuroleptiques, poursuit Sébastien Forget, le corps trouve un faux équilibre... L'ostéopathie posturale, en réorganisant le squelette autour du centre de gravité, peut y remédier. " Autres cas d'intervention : le dégagement des voies respiratoires pour détendre les tissus enserrant le diaphragme, la mise en place d'appareillage pour redonner de la mobilité souvent réduite, Il s'agit toujours de petites victoires, pas d'effets spectaculaires. " Réussir à faire descendre un résident grabataire au goûter de Noël, c'est fantastique ! ", confie l'ostéopathe.
Le travail se fait en coopération avec l'équipe. Désormais formées au diagnostic par Sébastien Forget, les aides-soignantes reconnaissent les premiers signes de la rétractation et préviennent l'ostéopathe. De son côté, le spécialiste effectue ses transmissions, avec consignes de marche ou de mobilisation, et tient à jour des fiches médicales. Puis repart vite à ses nombreuses activités : l'ostéopathe reçoit dans ses deux cabinets, intervient à l'hôpital public de Château-du-Loir et dans un autre EHPAD du département, enseigne à la Faculté de Tours et à l'ESO, il a même défini la fiche métier pour le Ministère de la Santé et aussi créé un certificat d'études spécialisé en ostéopathie gériatrique. De quoi assurer la relève et soulager la douleur dans de nombreux EHPAD.
Marie-Suzel Inzé
Ostéopathie
- Créateur : l'ostéopathie fut structurée au XIXe siècle aux États-Unis, par le médecin Andrews Taylor Still (1828 - 1917).
- Principes : l'ostéopathie est un système de soins basé sur des techniques de manipulation. Elle se concentre sur l'intégralité de la structure corporelle : os, muscles, articulations, fonctions environnantes, Elle s'intéresse aux symptômes physiques et s'appuie aussi sur le style de vie, les habitudes et l'état général du patient.
- Statut juridique
L'ostéopathie est reconnue en France depuis 2002 (Journal Officiel du 5 mars 2002). Les décrets d'application (25 mars 2007) définissent les actes autorisés et ceux qui nécessitent un encadrement médical préalable, le format pédagogique minimum nécessaire à l'obtention du diplôme en ostéopathie, les sanctions aux contrevenants.
Seuls les étudiants ayant suivi une formation reconnue par l'état peuvent user de ce titre. Les contrevenants sont passibles d'amendes.
Choisir un ostéopathe
1. La personne pressentie doit être " ostéopathe DO " (Diplômé d'Ostéopathie) : il a fait six ans d'étude dans une école agréée par l'état et habiliter à délivrer le diplôme d'ostéopathe. Exemples : CEESO (Centre Européen d'Enseignement Supérieur de l'Ostéopathie - Lyon), Institut des hautes études ostéopathiques (Nantes), ESO (École Supérieure d'Ostéopathie, Paris),
2. Elle doit avoir effectué des stages hospitaliers
3. Elle doit avoir obtenu un diplôme de spécialisation en gériatrie