Malgré un retour à la normale de l'activité avec un taux d'occupation moyen de 94,4%, le niveau de déficit des Ehpad publics a dépassé le seuil d'alerte, se situant à environ 800 millions d'euros en 2023, soit une hausse de 60% en un an.
Ehpad publics : un déficit moyen de 3850 euros par place en 2023
La Fédération hospitalière de France (FHF) a réalisé en mars une grande enquête auprès des Ehpad publics sur leur situation financière à fin 2023 avec la volonté « d'objectiver les remontées de plus en plus nombreuses d'établissements faisant état de situations budgétaires très fortement dégradées », explique-t-elle dans un communiqué du 18 avril. Cette enquête a donné lieu à une participation sans précédent, avec plus de 730 Ehpad publics répondants, qu'ils soient autonomes ou rattachés à un établissement public de santé, représentant plus de 100 000 lits d'hébergement permanent dans l'ensemble des régions. Cela correspond à 43% des places d'Ehpad publics relevant de la fonction publique hospitalière.
Malgré une activité qui continue à progresser, presque revenue à la normale pour une partie des Ehpad publics avec un taux d'occupation 2023 en moyenne de 94,4 % (+1 point par rapport à 2022), les résultats sont sans appel avec :
- Une généralisation des situations déficitaires alarmantes : près de 85 % des Ehpad enregistrent un résultat déficitaire pour l'exercice 2023, chiffre record alarmant, alors que la situation budgétaire des Ehpad publics était auparavant équilibrée. Les déficits sont généralisés, y compris dans les établissements qui ne connaissent pas de difficultés d'activité et en dépit des crédits exceptionnels mobilisés en 2023 ;
- Un niveau de déficit moyen par place d'Ehpad qui s'aggrave fortement passant de 3 226 euros en 2022 à un niveau record de 3 850 euros en 2023. Appliqué à l'ensemble des Ehpad publics déficitaires, cela représente un montant d'environ 800 millions en 2023, en hausse de 60% sur un an.
Des réponses fortes et durables afin de préserver l'offre publique
En résumé, malgré une activité qui continue à progresser, les Ehpad publics « sont confrontés à une dégradation massive, rapide et profonde de leurs équilibres budgétaires », résume la FHF qui ajoute que « la situation impose des réponses fortes et durables afin de préserver l'offre publique à destination du plus grand nombre et de l'adapter »,
La FHF attend, à court terme, des pouvoirs publics :
- une augmentation de 5% du forfait soin des Ehpad pour assurer le financement de la reconduction des moyens et des mesures nouvelles, notamment les 6 000 recrutements par an nécessaires pour atteindre l'engagement gouvernemental de 50 000 postes supplémentaires d'ici 2030 ;
- une augmentation de 5% sur les tarifs hébergement administrés par les conseils départementaux (tarifs à l'aide sociale) ;
- l'engagement de la révision des règles socio-fiscales qui pénalisent les établissements et services médicosociaux publics par rapport au secteur privé.
En parallèle de ces mesures de court terme, la FHF appelle le Gouvernement à partager une feuille de route claire quant aux réformes à mener, conformément au souhait exprimé notamment par l'ensemble des parlementaires qu'une loi de programmation pour le Grand Âge soit élaborée au plus vite. Pour elle, « les modèles de financement doivent être refondés de A à Z, les recrutements doivent être programmés et l'offre développée et transformée pour répondre à la vague démographique et aux besoins des aînés ».