Un Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) est un lieu d'innovation multiforme. Dans tous les domaines, il s'agit de rendre la vie quotidienne des résidents plus douce et celle des soignants la plus efficiente pour une population à la moyenne d'âge élevée et aux multi-pathologies lourdes. Décryptage.
En Ehpad, l'innovation est à tous les étages
De la contrainte naît la créativité dit-on. En cela, les Ehpad offrent un terrain idéal : lieux de vie autant que de soins, accueillant des personnes âgées de plus en plus âgées et dépendantes, ils doivent composer avec des moyens très comptés.
Sécurisation de la distribution des médicaments
En matière de soins, l'innovation a essentiellement trait à la gestion des polymédications et à la distribution des médicaments. Ceux-ci ne sont plus préparés et répartis à la main dans les piluliers par les personnels soignants mais, le plus souvent, par une pharmacie extérieure dotée de structures robotisées. Ce qui autorise un suivi individualisé des prises par les résidents. Informatisé, inclus dans un véritable système d'information, ce suivi peut faire office de preuve en cas de litige. L'autre grande avancée concerne d'ailleurs le stockage informatisé et donc la traçabilité des différents paramètres (tension, température etc.).
De l'hospice à la chambre comme à la maison
Pour ce qui est de l'hébergement, le progrès est inhérent à la conception des locaux. " En vingt ans, on est passé d'un hébergement d'hospice, avec des petites chambres sans douche, à des chambres de plus de dix-huit mètres carrés avec une douche, un lit médicalisé, la télévision, le téléphone, voire le wi-fi, à l'image de ce qui a cours dans le monde extérieur ", résume Guy Sudre (1), gérontologue. Quant à la technologie en elle-même, elle facilite le quotidien des personnels, par exemple quand il s'agit de peser ou de doucher les résidents. Sans parler des progrès en terme de préparation des repas, de variété et de nutrition.
Ne pas se couper de sa vie passée
Troisième volet, l'animation. Auparavant, pour les résidents atteints de maladies cognitives, on se contentait d'assurer " leur sécurité fondamentale en les maintenant dans des lieux fermés sans réelle possibilité d'activités, rappelle Guy Sudre. Aujourd'hui, ils peuvent évoluer librement, avec une réelle qualité de vie, dans des secteurs protégés, sécurisés, mais ouverts comme les jardins thérapeutiques ou les Pôles d'activités et de soins adaptés (Pasa) ".
Pour ceux ne souffrant pas de maladies neuro-dégénératives, l'innovation consiste surtout à leur donner la possibilité d'avoir une vie sociale en accueillant leurs proches. Avec, à la clef, précise le gérontologue, des " Ehpad qui ressemblent de moins à moins à des cliniques et de plus en plus à des hôtels avec des lieux d'intimité autres que la chambre. Le grand progrès est de ne pas donner l'impression à la personne âgée qu'elle s'est coupée de sa vie passée. "
Quant au management, les directeurs bénéficient du même progrès que dans les autres domaines en matière de systèmes d'information : par exemple, les plannings intègrent divers paramètres et permettent d'optimiser la complémentarité des compétences en fonction des besoins.