Si la plupart des structures associatives sont principalement implantées en France, on observe à l'instar des groupes commerciaux, une volonté des têtes de réseaux d'investir à l'étranger. La Chine notamment devient le nouvel « eldorado ».
Entretien avec Shiyuan Hu, directrice de projet à l'International chez Adef Résidences.
Pourquoi vous êtes-vous intéressés à la Chine ?
S. Hu : Parce que ce pays connaît un réel besoin. En 2030, il comptera 350 millions de chinois de plus de 65 ans, soit ¼ de sa population, ce qui offre des perspectives très intéressantes, notamment en matière de soins pour une structure comme Adef Résidences.
Dans le cadre de son 12è plan quinquennal, la Chine prévoit de multiplier par trois le nombre de lits en EHPAD, passant de 3 à 9 millions de places. Le marché chinois se structure assez vite car la volonté politique est forte de développer cette prise en charge des personnes dépendantes. La Chine souhaite s'ouvrir aux acteurs étrangers dont la France. La récente visite d'Emmanuel Macron a d'ailleurs été l'occasion de signer des protocoles d'accord notamment dans le secteur médico-social pour développer les services aux personnes âgées. Le climat politique nous est favorable.
Quelles compétences recherchent les Chinois auprès des professionnels français ?
S. Hu : L'espérance de vie des personnes chinoises est inférieure à celle des européens. Le pays connait de graves problèmes de santé publique, notamment liés à la maladie d'Alzheimer prise en charge de manière très récente. Les personnels sont mal, voire pas, formés à ces questions. A l'hôpital de Pékin, il n'y a des gériatres que depuis deux-trois ans. Les chinois ont d'immenses besoins en formation, et cela concerne tous les métiers. Le pays doit former rapidement des médecins, des aides soignants aux spécificités de la perte d'autonomie. Les acteurs chinois sont sur ce point très demandeurs de notre expertise. Nous allons ainsi exporter nos savoir faire, notamment en matière de sciences humaines et sociales, mais nous devons travailler avec les spécificités locales, culturelles, notamment la place très singulière occupée par les personnes âgées dans la société chinoise.
Quelle forme prend votre engagement ?
S. Hu : Nous avons signé en novembre 2017 un contrat de conseil avec le groupe chinois Yuexiu pour élaborer et aménagé un premier modèle d'établissement médico-social dans le centre ville de Canton. Il sera réajusté progressivement en fonction de la demande du marché chinois. Nous élaborons le cahier des charges, les référentiels métiers, un organigramme fonctionnel des différents pôles d'activité, le réaménagement du bâti... Nous négocions actuellement la création d'une joint-venture pour la gestion de l'établissement. Des fonds d'investissement partenaires nous accompagneront le cas échéant dans le cadre des nouvelles étapes de ce développement. Mais nous continuons d'exercer nos missions d'intérêt général, car contrairement aux groupes privés commerciaux, nous répondons aux besoins des classes moyennes. Notre dimension « association à but non lucratif » se retrouve naturellement dans notre politique de développement.