Pas de projet d'établissement sans vrai projet personnalisé. Tel est le credo de François Roullier-Gall directeur de l'EHPAD Mille soleils à Marciac (Gers)... Aussi, une fois par an quand l'équipe refait les projets de vie individuels, c'est en présence du résident. " Nous nous adressons à des adultes !, souligne le directeur. Ils doivent avoir l'opportunité de donner leur opinion sur leur projet ce vie ! Nous invitons donc tous les résidents qui le peuvent et le souhaite. S'ils ont des difficultés psychiques ou s'ils sont incapables de s'exprimer, au moins, ils entendent ce qui est dit sur eux." Mis en place il y a trois ans par le directeur, son médecin-coordonnateur et l'infirmière, la méthode semble fonctionner. Dans cet établissement qui compte 83 résidents (gmp 720), 22 participent. Et si certains, tout à fait autonomes, refusent de venir, ils considèrent que tout va bien !

Dans ces réunions, on aborde le quotidien : l'autonomie, le soin,... et souvent la question alimentaire. Les enseignements sont riches. Prenons l'exemple de cette résidente qui refusait de suivre son régime diabète. " Nous avons discuté du risque avec le médecin, raconte le directeur. " Je veux bien me priver, a déclaré la dame, mais que ce soit moi qui décide de quoi ! " A la suite de quoi le régime est allégé... et suivi ! Il faut parfois aussi concilier le désir du résident et celui de sa famille. *Ainsi la fille d'une résidente diabétique insistait sur le régime de sa mère. En réunion, la résidente a déclaré que " 50 ans de régime cela suffisait ! " Désormais le dimanche, l'équipe attend que la fille ait quitté l'établissement pour servir son dessert à la résidente... " La méthode conduit à la remise en cause de l'équipe, de ses initiatives, poursuit le directeur. On pense parfois faire au mieux et le résident nous dit le contraire ! En réunion, la communication est directe. Les choses sont dites par le résident lui-même et elles sont entendues par toute l'équipe, médecin-coordonnateur, infirmières, aides-soignantes, auxiliaires de vie." Ce projet est écrit et toute les personnes qui s'occupent du résident y ont accès, c'est le fil rouge qui conduit l'action des professionnels.

Remise en question aussi des choix et parfois aussi des règles de la collectivité qui, à la réflexion, ne sont pas toujours obligatoires... " Je ne veux pas qu'on me réveille le matin, déclarait cette autre résidente de 95 ans. " L'équipe trouve une solution " gagnant-gagnant ", pour concilier vie en groupe et désirs personnels : la personne se réveille seule mais avant 9h30, pour pouvoir profiter du petit déjeuner.

En réunion, on parle de tout, de la fin de vie comme de l'incontinence et du contrôle des sphincters, et on consigne les choix dans un compte rendu accessible au médecin généraliste comme au stagiaire. " La remise en question est valorisante pour les équipes, enchaîne François Roullier-Gall. Elle permet d'être plus à l'aise dans son métier et de faire diminuer le stress " Un beau projet de vie... professionnelle cette fois