De toutes les réflexions en cours, et qui sont le préambule à une loi sur le vieillissement annoncée pour 2014, il faudra bien prendre en compte ce paradoxe avec lequel les établissements médicalisés doivent composer au quotidien.
Ces derniers sont avant tout des lieux de vie. C'est un fait qui depuis de nombreuses années fait consensus. Mais les contraintes imposées par la réglementation de plus en plus prégnante pour ces établissements sont-elles compatibles avec cet objectif, au regard des moyens alloués??
La "médicalisation", dont la ministre vient de confirmer le développement, s'apparente de plus en plus à une "sanitarisation" de ces établissements et de fait à une mutation importante de leur mission. "Recommander", comme le font les autorités, de n'accueillir en EHPAD que des personnes âgées de GIR 1, 2 ou 3, apparaît légitime au regard de la "recomposition" du parcours de la personne âgée. Mais alors, il faudra prendre en compte l'ensemble des contraintes majeures auxquelles les équipes ont à faire face au quotidien, du fait de l'évolution des besoins des résidents en termes de dépendance et de soins.
La sécurité évoquée dans ce numéro de Géroscopie, n'en est pas la moindre. Mais plus encore, l'accompagnement de chaque personne et de ce fait l'adaptation du personnel en nombre et en compétences devient critique. Les équipes s'éreintent et se démotivent. Donnée incontournable et que nous ne répéterons pas assez. Les familles comprennent de mieux en mieux et subissent les enjeux structurels et financiers. Le "coût" leur apparaissant rédhibitoire. Et les retards de paiement ne sont plus à la marge?! Un rapport de l'IGAS confirme une fois de plus le prix moyen en établissement de 2?200?€ par mois et par résident, alors que la retraite moyenne d'une personne âgée de plus de 65 ans s'élève à 1?250?€ mensuels. Un rapport du sénateur Alain Vasselle démontre que 80?% des personnes accueillies en établissement se font aider par leurs familles. Induisant ainsi des débats et comportements de plus en plus conflictuels.
Les groupes de réflexions initiés par la ministre fin 2012 avaient une feuille de route tendue. Alors, 2013 le temps des décisions?? Oui, si la profession et les familles se mobilisent, unitairement et en cohérence.