Le secteur Privé Non Lucratif a de beaux jours devant lui. Point de vue de David Causse, coordonnateur du pôle santé-social de la FEHAP (Fédération des Établissements Hospitaliers et d'Aide à la Personne).
Entre domicile et alliances territoriales, un avenir prometteur
Quel rôle joue le secteur Privé Non Lucratif (PNL) dans le secteur des personnes âgées ?
Sa présence dans le secteur du domicile est prépondérante. Ainsi 80 % des SSIAD (Services de soins infirmiers à domicile), 70 % de l'HAD (Hospitalisation à domicile) ou de la dialyse hors centre relèvent du PNL. Dans l'hébergement des personnes âgées dépendantes, le PNL représente 27 % de l'offre contre 23 % pour le secteur privé commercial et 50 % pour le secteur public. Dans les secteurs du handicap, de l'exclusion et de l'enfance, le PNL représente 95 % de l'offre. Par ailleurs, le PNL apporte une réponse à la question majeure de l'accessibilité financière des maisons de retraite.
D'où vient la force du PNL ?
Le PNL a toujours été un moteur d'innovation sanitaire et social. Le PNL s'est inscrit avant tout le monde dans la logique du parcours de soins et d'accompagnement des usagers, dans une recherche de qualité et d'efficience. Il a créé des structures innovantes.
A titre d'exemple, Pro BTP a développé un modèle d'établissement mixte : EHPAD au rez-de-chaussée et SSR gériatrique à l'étage, avec d'excellentes synergies. D'autres "cliniques gériatriques" et plateformes PNL témoignent de ce "savoir faire" : Les magnolias (91), la porte verte (78), Les sources (06), Fourvière (69).
La FEHAP est souvent force de proposition : elle est à l'origine de l'article 70 de la LFSS 2012 (Loi de Financement de la Sécurité Sociale), qui vise à promouvoir des formes d'organisation nouvelles pour le parcours des personnes âgées, en vue de "prototypes" territoriaux autorisant des dérogations administratives et financières. Un appel à projets devrait intervenir en 2013.
Comment les EHPAD associatifs peuvent-ils résister aux appétits des groupes privés ?
Les structures privées bien dirigées et équilibrées financièrement préservent leur autonomie. Le public peut résister à un déficit, pas le secteur privé. Issus d'initiatives locales, les établissements ou les associations sont parfois de taille trop modeste. La FEHAP invite donc ses adhérents à se rapprocher car, contrairement aux grands groupes privés lucratifs, ils ne disposent pas de ressources mutualisées. Ils doivent donc tisser des alliances, soit sur leur coeur de métier, soit sur des fonctions support. Les EHPAD doivent travailler avec leurs voisins du secteur non lucratif du même territoire (SSR, HAD, SSIAD...) et la FEHAP les y aide.
Pour en revenir au secteur privé commercial, il est vrai que l'âge d'or des ouvertures de nouveaux EHPAD est terminé. Pour le secteur privé lucratif, la croissance passera désormais soit par des rachats d'autres groupes (concentrations), soit par l'espoir de concessions publiques ou de reprises de structures PNL en difficulté. Mais il existe aussi des groupes PNL qui peuvent se porter à l'aide !
Comment voyez-vous l'avenir du PNL ?
L'offre PNL continue de croître. Une enquête récente de la FEHAP montre que les places de SSIAD de nos adhérents ont cru de 4 % cette année. Dans les appels à projet, ce sont souvent les acteurs du PNL qui sont retenus, notamment pour les ESA (équipes Alzheimer). Les financements publics sont désormais centrés sur les services (SSIAD, SAMSAH, SESSAD) plus que sur l'hébergement à plein temps. Une intervention à temps partiel ou à domicile est souvent plus adaptée et plus économique, puisque seul l'intervention est financée et non l'hôtellerie. Le savoir-faire du PNL sur le domicile est un atout, y compris pour les structures à plein temps de la FEHAP, sanitaires ou sociales.