Partie prenante de l'expérimentation sur les infirmières de nuit en EHPAD, le Domaine des Fromentaux livre ses premières conclusions.
Entre éthique et économique "
En EHPAD, la culture des soins palliatifs et de la fin de vie fait-elle diminuer les hospitalisations de toute fin de vie ? Aux Domaine des Fromentaux (Dordogne) on le croit. Si en 2004, environ 40% des décès survenaient à l'hôpital, en 2010, ce taux est tombé à 15% pour les années 2009-2010. " La question de l'hospitalisation de fin de vie est un sujet éthique et économique à la fois, explique Laurent Betato, directeur de l'EHPAD. Il porte sur le droit de mourir à domicile, l'EHPAD est considéré comme un domicile, et aussi sur le coût de la prise en charge, très supérieur à l'hôpital. " Fort de son engagement dans le domaine, l'établissement est un des trois retenus en Aquitaine pour l'expérimentation sur la présence d'infirmière de nuit, expérimentation menée dans le cadre du Programme de développement des soins palliatifs pour 2008-2012. Chaque région a choisi un établissement disposant d'une infirmière de nuit, un deuxième s'appuyant sur une infirmière d'astreinte. Le troisième - c'est le cas des Fromentaux- n'a ni l'une ni l'autre mais une solide culture des soins palliatifs.
Traçabilité et concertation
Ainsi, ici, l'accompagnement de la fin de vie est un objectif écrit du projet d'établissement et l'établissement a signé début 2010 une convention avec l'EMSP (Equipe Mobile de Soins Palliatifs) avec l'hôpital de Libourne. " Nous avons aussi une référente Soins Palliatifs, poursuit Laurent Betato. Une aide-soignante formée qui se libère pour tenir compagnie à un résident en fin de vie, lui faire un massage, écouter sa famille,... L'établissement a également recueilli les directives anticipées et mis en place des rencontres systématiques entre le résident (et/ou sa famille) et le médecin-coordonnateur et l'infirmière pour valider un projet de vie personnalisé,... Venons-en à l'encadrement de nuit. " Après 18h30, ce sont les aides-soignantes qui prennent le relais des infirmières, répond le directeur. Les personnes en fin de vie ont été identifiées, discutées en réunion de staff, aussi l'accompagnement de jour se poursuit la nuit. En cas de crise, l'aide-soignante contacte le médecin de garde, ce qui conduit souvent à un réajustement du traitement. L'hospitalisation, solution de prudence, n'est que rarement envisagée car l'aide-soignante consulte le dossier du résident et les souhaits de la famille. " Traçabilité et concertation sont au coeur du dispositif. A mi-parcours de l'expérimentation, Laurent Betato fait un premier bilan. " L'infirmière d'astreinte est sans doute la meilleure solution, résume-t-il. Le recours à une infirmière d'astreinte permettrait d'administrer des antalgiques injectables morphiniques. Sans infirmière, on utilise des patchs, dont l'efficacité est moins immédiate. Or la douleur est une des premières causes d'hospitalisation..." Il faudra attendre la fin de l'expérimentation, en octobre prochain, pour savoir si l'avis général est le même.