Lorsqu'il prend la direction de l'EHPAD Les Edelweiss il y a 5 ans, Richard Matuszewski trouve un établissement en souffrance. Un climat social difficile, une succession de directeurs, l'absence de méthodologie de travail ont créé troubles et désorganisation. Pourtant l'établissement accueille plus de 80 résidents. Devant ce constat, Richard Matuszewski s'est lancé deux défis : donner envie aux résidents de rester et faire adhérer les équipes à un projet commun.
Entretien avec Richard Matuszewski, directeur de la Résidence Les Edelweiss (Groupe les Floralys) .
Une approche personnalisée pour chaque résident
Vivre dans un établissement comme chez soi implique de développer des réponses adaptées aux besoins de chacun, de proposer une atmosphère sereine et agréable. La première mesure a donc consisté à organiser des soins à la carte. Avec succès. Les toilettes sont désormais réalisées en fonction des souhaits et habitudes de vie de chacun. Les quelques aménagements dans l'organisation du travail ont eu de telles répercussions sur l'atmosphère générale que les équipes ont vite mesuré qu'un soin pratiqué avec le consentement de la personne réduisait les tensions des soignants, limitait l'agitation et l'errance du résident, permettait de gagner du temps fonctionnel pour tous.
Prendre soin de celui qui délivre le soin
Mais conscient que les équipes avaient besoin de reconnaissance, Richard Matuszewski s'est intéressé à leurs conditions de travail. Après avoir installé de multiples services pour faciliter leur quotidien (livraison de courses, séances de relaxation et salle de sport), il s'est attelé à l'épineuse question de la charge de travail. La difficulté liée à la manutention manuelle est devenue une priorité. La population accueillie est de plus en plus âgée et dépendante. Comment dans ces conditions aider les soignants à réaliser un soin de qualité, sans s'épuiser ou se blesser ?
Des rails de la chambre à la salle de gym
Aller plus vite pour améliorer la qualité est un enjeu tentant. Mais pas question de se lancer dans un équipement massif des espaces en rails de transfert sans réaliser des tests préalables. Les 1ers essais ont été menés sur une personne de 150 kg qui refusait de participer à sa toilette. Elle s'est dite très soulagée à l'issue de l'expérimentation par la fluidité du déplacement, confirmant qu'elle ne s'était pas sentie brusquée et appréciant le contact avec un seul soignant, au lieu des deux nécessaires dans les dispositifs précédents. 21 chambres sont aujourd'hui équipées des dispositifs Guldmann. Cela représente pour les équipes une réelle amélioration des conditions de travail, moins de charge physique, un contact les yeux dans les yeux avec les personnes âgées, un meilleur respect de l'intimité. « Les rails ont permis de reverticaliser des personnes qui ne l'étaient plus, ajoute Richard Matuszewski. On utilise aussi ces outils dans la salle de gym. En contact avec le sol, sans craindre de chuter, les résidents osent quelques pas et retrouvent peu à peu une forme de liberté et d'autonomie. »
Aujourd'hui l'objectif est atteint. Le taux d'absentéisme est passé de 12 à 5%. Les économies réalisées permettent de continuer d'améliorer l'environnement de travail et les projets ne manquent pas pour l'énergique directeur. Les Edelweiss verront peut-être bientôt fleurir une plage artificielle...