La dénutrition est un état pathologique résultant d'apports nutritionnels insuffisants en regard des dépenses énergétiques de l'organisme. Chez le sujet âgé, la dénutrition protéino-énergétique est un problème majeur de santé publique en raison de sa fréquence et de ses conséquences en termes de morbidité et de mortalité. Voyons les chiffres.
États des lieux : un problème majeur de santé publique
Prévalence de la dénutrition
Dans le cadre des recommandations professionnelles de stratégie de prise en charge en cas de dénutrition chez la personne âgée, la Haute Autorité de Santé (HAS) estimait ainsi la prévalence de la dénutrition pour les personnes âgées (≥ 70 ans) :
- vivant à domicile : entre 4 % et 10 %
pour celles vivant en institution : 15 % à 38 %
- chez les sujets hospitalisés : 30 % à 70 %.
Il faut également remarquer que la dénutrition peut induire chez les sujets âgés un risque accru d'infections nosocomiales, et une perte d'autonomie fonctionnelle par perte musculaire, elle-même responsable de chutes.
Une étude menée en 2009 par l'Inserm fait apparaître 45 % de résidents dénutris
Les résultats d'une étude observationnelle transversale réalisée durant les mois de juin et juillet 2009, auprès d'un échantillon aléatoire d'EHPAD, formés au codage PATHOS, font apparaître que la dénutrition protéino-énergétique concerne 45 % des résidents des EHPAD dont 12,5 % présentant une dénutrition sévère.
Les chiffres de l'étude
414 EHPAD ont répondu à la demande de participation, dont 268 réponses positives sur lesquelles ont été aléatoirement sélectionnés 60 établissements de plus de 60 résidents, sur tout le territoire.
57 EHPAD ont été actifs pour terminer l'étude (71 %) représentant 4 520 résidents avec 76,0 % de femmes et une moyenne d'âge de 85,8 ± 7,8 ans.
Quelles recommandations pour désamorcer la courbe ?
- Tout d'abord, une alimentation régulière et équilibrée sera proposée, à savoir 4 repas par jour, dont 2 de 30 minutes, et un jeûne nocturne qui ne doit pas dépasser 10 heures.
Idéalement la journée devra comporter :
- Un produit laitier à chaque repas : source de protéines, de calcium et de micronutriments.
- Une à deux portions de protéines animales particulièrement en cas de pathologie infectieuse ou d'escarre.
- 5 portions de fruits et/ou légumes sources de micronutriments, de fibres et d'eau.
- 1 portion de féculents sources de glucides complexes, de fibres, de protéines végétales, de micronutriments.
- 1 à 1.5 litres d'eau, également source de certains micronutriments
- Enfin la surveillance du poids est primordiale
Selon l'INPES, s'il est observé une perte de poids de - 5 % en 1 mois ou - 10 % en 6 mois, cela traduit une dénutrition, c'est-à-dire que la personne âgée mange moins qu'elle ne dépense.
Un décret vient d'ailleurs de fixer les principes que doivent respecter les services de restauration des établissements de santé pour assurer une qualité nutritionnelle suffisante des repas et renvoie à un arrêté interministériel le soin de préciser ces exigences.
Publications
" Nutrition de la personne âgée " Elsevier Masson éditeur, 4e édition juin 2012,
Ouvrage collectif.
La Revue de Gériatrie, Tome 36, N°3 mars 2011. P. Blin, M. Ferry, N. Maubourget -Ake, J.M. Vetel
" L'alimentation des personnes âgées et la prévention de la dénutrition "
Jean-Claude Basdekis, Estern éditions
Sites à consulter
HAS : recommandations sur le site " Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée ".
ANAP : diverses publications
www.mangerbouger.fr
Guide nutrition pour les aidants des personnes âgées :
www.inpes.sante.fr