On demande beaucoup aux professionnels. " Un seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices " disait Montesquieu en parlant du despotisme. La démocratie, la République, croyait-on, aller apporter la liberté, l'égalité, la fraternité.
Etre bientraitant dans un monde maltraitant.
Il n'en est rien, malgré des avancées indéniables. Des progrès restent à faire.
Si les nouveaux tyrans fleurissent dans nos quartiers, chacun dans sa sphère quotidienne peut devenir un tyran, un maltraitant, ou un indifférent.
La bientraitance est un concept récent, apparu au détour des années 2000, puis mis en lumière en 2009 à la suite de l'épisode caniculaire de triste mémoire qui avait touché les maisons de retraite françaises.
Il ne s'agit plus aujourd'hui de dénoncer la maltraitance ou de condamner l'indifférence, mais d'être plus positif, de prévenir, de faire bénéficier les personnes dont on s'occupe d'une attention propre à leur assurer du bien être.
Cette exigence a quelque chose d'exotique alors que nos postes de télévision brossent un tableau quotidien des misères et atrocités du monde. Il y aurait un dehors et un dedans: maltraitant au dehors, bientraitant au dedans. Un tel écart donne le vertige.
Une politique de la santé bientraitante est nécessairement une politique où l'anticipation, la prévention aurait la première place. Mais, on voit bien qu'en France la prévention n'est pas notre fort. Concernant les maladies : à peine si le gouvernement à prévu d'y consacrer 110 millions d'euros en 2015 (pour le Comité d'éducation pour la santé). Pas négligeable, mais sans effet massif sur la consommation médicale dans notre pays au déficit toujours plus grand (15,3 milliards de pertes en 2014).
Prévenir la perte d'autonomie : l'objectif est ambitieux. Qu'en est-il des actions concrètes?
Le volet anticipation de la loi sur l'autonomie a fléché 185 millions d'euros, dont 40 pour un forfait prévention-autonomie en logements-foyers, 5 pour le soutien aux aidants, et 78 pour le droit au répit pour les aidants et la prise en charge des aidés. Mais rien sur de véritables plans de prévention sur le long terme...