Avec une webcam, du matériel médical, un réseau sécurisé et des professionnels formés, on peut optimiser le recours aux urgences et l'accès des résidents d'Ehpad aux spécialistes. Zoom sur Ev-line, un projet mené par Orpea et cofinancé par l'ARS Ile-de-France.
Ev-Line
Les transferts aux urgences sont-ils toujours la meilleure solution en cas de malaise du résident la nuit et les week-ends ? Comment assurer l'accès à un spécialiste aux résidents qui ne peuvent plus se déplacer ? Orpea compte répondre à ces questions avec son projet de télémedecine Ev'Line, retenu dans le cadre de l'appel à projets de l'ARS Ile-de-France.
" Dans un établissement de 80 lits, on compte environ 10 transferts sanitaires par mois de nuit ou le week-end. La moitié d'entre eux pourrait être évitée avec un bon diagnostic, commence Linda Benattar, directrice médicale d'Orpea. Or nous disposons des compétences nécessaires au sein du groupe pour faire ce diagnostic, avec nos cliniques de Soins de Suite et de Réadaptation et cinq unités de médecine gériatrique."
Développé sur 22 Ehpad des Yvelines (dont 2 extérieurs au groupe), Ev'Line représente un budget de développement de 2,3 millions d'euros, dont 1 million provient de l'ARS. Grâce à ces fonds, les Ehpad retenus seront équipés d'une webcam et de matériel médical (électrocardiogramme, tensiomètre, glucomètre, thermomètre...) reliés à un outil informatique sécurisé.
" L'aide-soignante va déclencher l'appel de médecine. Depuis le SSR, le médecin, qui aura accès au dossier médical électronique du résident, va recueillir les données (pouls, électrocardiogramme...) et questionner le soignant, résume le Docteur Roxane Simon-Prel, en charge du projet. De cet examen virtuel découlera la décision ou non d'un transfert aux urgences."
Avec Ev'line, les résidents peu autonomes pourront aussi bénéficier de consultations à distance de cardiologues ou autres spécialistes. Idéal pour réajuster un traitement sans déplacer le résident. Dans les deux cas, l'avis du médecin-traitant sera requis. Le résident lui donnera son accord pour la télémédecine lors de son entrée dans l'Ehpad.
A fin décembre, les interfaces sont en cours de développement. Le premier patient devrait être pris en charge en mai 2013. " Le plus compliqué n'est pas l'outil mais la mise en place de l'organisation, des permanences...", remarque le Docteur Simon-Prel.
Les bénéfices attendus sont clairs : confort du résident qui échappe à une nuit sur un brancard ou à un séjour d'hospitalisation indu, baisse du stress des soignants face aux urgences, économies pour l'Assurance Maladie.
Malgré cela, le financement de ce dispositif, qui doit s'étendre en 2016 à 65 Ehpad (dont 15 hors groupe) reste incertain. " L'Assurance maladie ne s'est pas positionnée sur la rémunération des actes " télémédicaux " alors que d'autres pays l'ont fait, précise le Docteur Benattar. Pourtant de ces décisions dépendra la pérennité du dispositif. "