L'inquiétude reste le maître mot des Français face à l'avancée en âge. C'est ce qui ressort du sondage Ifop, paru en avril et commandité par Adhap Services, la filiale service à la personne d'Orpéa.
Face à l'avancée en âge : plus d'État ou plus d'assurance ?
Les plus âgés perçoivent l'avancée en âge comme une dérive fatale vers la dépendance, tandis que les plus jeunes sont d'abord sensibles au risque économique. A mesure que l'on avance en âge, la crainte de la perte d'autonomie se renforce : de 41% pour les 18-24 ans à 77% pour les plus de 65 ans.
A l'inverse, les plus jeunes, s'inquiètent surtout -et déjà !- de la diminution de leur pouvoir d'achat lorsqu'ils seront retraités. Ils ont intégré les menaces qui pèsent sur le financement des retraites et ils voient leurs proches ascendants à la retraite parfois en difficulté. Aussi ils sont 54% à s'en inquiéter contre 27% des plus âgés. Ces derniers, cependant, sont aussi 46% à craindre pour les coûts liés à leur prise en charge. Qu'elle se déroule en maison spécialisée ou par des services à la personne.
Notons aussi que la perte de pouvoir d'achat inquiète plus les ouvriers (60%) que les cadres supérieurs (51%).
Vivre à domicile, c'est aujourd'hui possible
On sait qu'environ 9 français sur 10 privilégient le vieillir à domicile sur l'accueil dans un lieu collectif. Mais l'étude de l'Ifop montre ils sont 87%, sans grandes différences d'âge ou de catégorie sociale, à penser possible de vivre à domicile en avançant en âge.
Les différences se font jour sur les leviers essentiels pour un vivre à domicile agréable et digne. Ainsi, si l'intervention de professionnels qualifiés est unanimement citée (60% chez les moins de 50 ans, et 74% chez les plus de 65 ans), la présence d'un entourage est plus valorisée chez les plus jeunes (à 44% pour les moins de 24 ans) que du côté des âgés (33%). Est-ce la lucidité et la sagesse des plus âgés ? Mais aussi le fait qu'une partie des proches ne sont plus là ou pas en capacité physique d'accompagner les plus fragiles.
Le numérique, un soutien complémentaire
A l'inverse, les plus jeunes comme les plus âgés, voient dans les solutions numériques, des réponses complémentaires bien plus qu'alternatives à l'implication des personnels. Notons que dès 35 ans, l'appétence pour ces technologies apparaît quasi résiduelle : 10% de convaincus seulement. Ce n'est donc pas une question de génération mais bien d'usage concret et réaliste.
On admettra une certaine contradiction avec le fait que les Français dans leur majorité restent encore assez marqués par la culture de l'État providence. Pour 53% de la population ce sont d'abord les pouvoirs publics qui doivent prendre en charge les prestations liées à la perte d'autonomie. Les plus jeunes sont les plus convaincus, contrairement à une idée reçue : 63% des 18-24 ans privilégient les pouvoirs publics contre 40% des plus de 65 ans.
Mixer solidarité collective et engagement personnel
Les plus âgés sont les plus favorables à une approche mixte, qui devrait certainement se développer dans les années qui viennent. Les plus de 65 ans sont 42% à penser qu'il faudra un mixte entre la solidarité collective et l'engagement personnel pour financer la perte d'autonomie. Les plus jeunes ne sont que 18% à imaginer un dispositif de ce type. Comme quoi les plus âgés sont souvent les plus lucides...
Serge Guérin
Professeur à l'INSEEC où il dirige le MSc " Directeur des établissements de santé ".
Vient de publier " La guerre des générations aura-t-elle lieu ? ", Calmann-Lévy.