Dans le n° 80-mai 2017  7349

Face à l'avancée en âge : plus d'État ou plus d'assurance ?

L'inquiétude reste le maître mot des Français face à l'avancée en âge. C'est ce qui ressort du sondage Ifop, paru en avril et commandité par Adhap Services, la filiale service à la personne d'Orpéa.

Les plus âgés perçoivent l'avancée en âge comme une dérive fatale vers la dépendance, tandis que les plus jeunes sont d'abord sensibles au risque économique. A mesure que l'on avance en âge, la crainte de la perte d'autonomie se renforce : de 41% pour les 18-24 ans à 77% pour les plus de 65 ans.

A l'inverse, les plus jeunes, s'inquiètent surtout -et déjà !- de la diminution de leur pouvoir d'achat lorsqu'ils seront retraités. Ils ont intégré les menaces qui pèsent sur le financement des retraites et ils voient leurs proches ascendants à la retraite parfois en difficulté. Aussi ils sont 54% à s'en inquiéter contre 27% des plus âgés. Ces derniers, cependant, sont aussi 46% à craindre pour les coûts liés à leur prise en charge. Qu'elle se déroule en maison spécialisée ou par des services à la personne.

Notons aussi que la perte de pouvoir d'achat inquiète plus les ouvriers (60%) que les cadres supérieurs (51%).

Vivre à domicile, c'est aujourd'hui possible

On sait qu'environ 9 français sur 10 privilégient le vieillir à domicile sur l'accueil dans un lieu collectif. Mais l'étude de l'Ifop montre ils sont 87%, sans grandes différences d'âge ou de catégorie sociale, à penser possible de vivre à domicile en avançant en âge.

Les différences se font jour sur les leviers essentiels pour un vivre à domicile agréable et digne. Ainsi, si l'intervention de professionnels qualifiés est unanimement citée (60% chez les moins de 50 ans, et 74% chez les plus de 65 ans), la présence d'un entourage est plus valorisée chez les plus jeunes (à 44% pour les moins de 24 ans) que du côté des âgés (33%). Est-ce la lucidité et la sagesse des plus âgés ? Mais aussi le fait qu'une partie des proches ne sont plus là ou pas en capacité physique d'accompagner les plus fragiles.

Le numérique, un soutien complémentaire

A l'inverse, les plus jeunes comme les plus âgés, voient dans les solutions numériques, des réponses complémentaires bien plus qu'alternatives à l'implication des personnels. Notons que dès 35 ans, l'appétence pour ces technologies apparaît quasi résiduelle : 10% de convaincus seulement. Ce n'est donc pas une question de génération mais bien d'usage concret et réaliste.

On admettra une certaine contradiction avec le fait que les Français dans leur majorité restent encore assez marqués par la culture de l'État providence. Pour 53% de la population ce sont d'abord les pouvoirs publics qui doivent prendre en charge les prestations liées à la perte d'autonomie. Les plus jeunes sont les plus convaincus, contrairement à une idée reçue : 63% des 18-24 ans privilégient les pouvoirs publics contre 40% des plus de 65 ans.

Mixer solidarité collective et engagement personnel

Les plus âgés sont les plus favorables à une approche mixte, qui devrait certainement se développer dans les années qui viennent. Les plus de 65 ans sont 42% à penser qu'il faudra un mixte entre la solidarité collective et l'engagement personnel pour financer la perte d'autonomie. Les plus jeunes ne sont que 18% à imaginer un dispositif de ce type. Comme quoi les plus âgés sont souvent les plus lucides...

Serge Guérin

Professeur à l'INSEEC où il dirige le MSc " Directeur des établissements de santé ".

Vient de publier " La guerre des générations aura-t-elle lieu ? ", Calmann-Lévy.

01/10/2024  - Ce qui se voit...

Luxe, calme et propreté

S'il est bien une condition indispensable au bon fonctionnement des Ehpad, c'est à n'en pas douter l'hygiène des locaux. Nettoyage, bionettoyage, hygiène du linge... Les consignes et protocoles ne manquent pas pour assurer l'organisation et l'évaluation de ces tâches quotidiennes. Et pourtant, ce travail reste invisible. Ou plutôt, il n'est visible que quand il n'est pas fait. Paradoxe ?
01/10/2024  - Billet

Les vieux aussi !

Serge Guérin me pardonnera de paraphraser le titre de son dernier ouvrage en date* pour titrer mon billet. Vous l'avez lu ou en connaissez le thème : bousculer les idées reçues sur le désintérêt des « vieux » en matière de gestes écologiques et solidaires. Tribune pour répondre à ceux qui pensent que ces générations issues de la deuxième guerre mondiale et des années cinquante ont abusé des trente glorieuses et se moquent des incidences climatiques et générationnelles futures. Elles pourraient pourtant donner des leçons d'économies à beaucoup en matière d'eau, de déchets et de courage. Une anecdote a fini de me convaincre. Récemment par une belle journée je me dirigeais vers la déchetterie suite à des travaux de jardin et je vis sur le bord de la route une personne âgée, courbée et tirant deux chariots utilisés pour les courses. Je me fis la remarque du courage de cette personne sachant que le commerçant le plus proche était à bonne distance. Sur la route de mon retour, je la revis. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'en fait cette dame âgée ramassait des deux bords de la route les déchets que les « clients » de la déchetterie laissaient tomber de leurs remorques en roulant. Je ralentis pour en avoir la certitude et raconter ce vécu à l'ami Serge. Plus encore, je décidais en ces temps riches d'à priori primaires d'en faire le thème de ce billet. Méfions-nous de ces raccourcis trop faciles. Oui, les vieux « aussi » sont sensibles à ces sujets qui mobilisent beaucoup de jeunes, à juste titre. Gardons-nous de ces clichés clivants. Demain ne pourra se construire qu'en faisant société, intelligemment, avec tolérance et respect. Et dès lors, même si mon propos est naïf, il fera bon vivre ensemble. ...
01/07/2024  - Billet

La victoire appartient au plus opiniâtre

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01/06/2024  - Toucher

Découvrir le corps

Toucher des corps qui ne sont ni les nôtres ni ceux des proches aimés. Les couvrir et les découvrir, au gré des soins et des besoins de chacun. Les toucher avec pudeur et respect, dans l'intimité d'une chambre. C'est notre quotidien de soignants, qui prenons soin de ceux qui ont besoin d'assistance pour les actes simples de la vie.
01/06/2024  - Partie I

Virage domiciliaire: Les risques du tête à queue...

Le « virage domiciliaire » est une formule qui sent bon la novlangue administrative et le poncif bureaucratique. Voici des années que ce virage est annoncé, que de nombreuses caravanes publicitaires stationnent sur les aires d'autoroute de la seniorisation... Pour autant, le bilan est maigre.
16/05/2024  - Billet

Éloge du temps

Le débat sur la fin de vie est en cours. Tel un marqueur politique nécessaire, il a été décidé d'en accélérer la réflexion. Il est vrai que le sujet est plus que sensible car on le constate déjà, la sémantique le dispute au fond. On évoque un « modèle français », qui de mon point de vue sera difficile non seulement à construire mais aussi à mettre en oeuvre. Il a été dit qu'il fallait donner du temps au temps. Et cette formule est reprise bien souvent et complaisamment. Sans vouloir procrastiner, car il est légitime qu'une société évolue, j'ai pour autant l'humilité de penser que notre pays est assez enclin à légiférer et « sur-légiférer » sans s'assurer de la réelle application des lois déjà votées. Un consensus se dégage ainsi pour affirmer qu'en matière de fin de vie, la douleur est le facteur essentiel. Et que le nombre de places en soins palliatifs est non seulement insuffisant mais géographiquement injuste. Le sujet presque tabou est difficilement évoqué. Triste constat. La loi Claeys-Leonetti est incomprise, souvent non mise en oeuvre. Elle correspond pourtant à un encadrement important et nécessaire de ces moments si difficiles. ...
01/05/2024  - Billet

Marqueurs de bienveillance

Les débats sur la loi « Bien vieillir » agitent les acteurs du secteur médico-social. Le grand public est plus préoccupé par d'autres sujets sociétaux, anxiogènes et médiatiquement plus à la « une ». Encore une fois, le grand âge est victime du syndrome de l'indifférence et d'un manque de volonté politique face au mur qui se rapproche de plus en plus. C'est un combat permanent, lassant, décourageant souvent, mais essentiel cependant selon le terme si employé lors de la récente pandémie. ...
01/05/2024  - Partie IV

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Pour poursuivre notre série sur la valorisation des métiers du care, évoquons les initiatives visant à améliorer très concrètement le quotidien des femmes et des hommes (surtout des femmes) qui travaillent auprès des plus fragiles.
01/05/2024  - Chronique

Et si on arrêtait de cacher les vieux?

La France des vieux, c'est la France du passé, la France d'hier. Place aux jeunes, à la modernité et à l'innovation digitale ! Bien entendu, je ne suis pas sérieux... Je vous imagine déjà sursauter...