Le Baromètre Ocirp Autonomie est devenu au fil des ans, une référence incontournable pour qui veut saisir la maturité - ou non, de la société française sur les sujets liées à la perte d'autonomie. Rappelons que l'Ocirp regroupe l'ensemble des Institutions de prévoyance. L'une des originalités de ce Baromètre vient de ce qu'il interroge les départements de ressources humaines et
les délégués syndicaux, en plus des Français - en se focalisant sur les 40-65 ans et les salariés.
Face à la perte d'autonomie, la société bouge
La dernière livraison, s'inscrit juste après le vote définitif de la Loi d'adaptation au vieillissement, qui forme un réel pas positif en faveur d'une prise en compte par la société de la transition démographique. Les questionnements du Baromètre Ocirp portent surtout sur les moyens, selon les Français, de faire face au risque perte d'autonomie.
Là comme ailleurs, les Français sont assez paradoxaux?: ils considèrent essentiel de se prémunir contre le risque de perte d'autonomie, à 78,3?%, mais à 74,2?%, ils ne sont pas couverts financièrement face à cette menace.
Pour autant, il y a une vraie conscience de l'importance de se préparer. À titre individuel, l'assurance perte autonomie est une solution pour plus de 61?% des Français ayant de 40 à 65 ans. Pratiquement 77?% d'entre eux pensent qu'une cotisation d'1?€ par jour serait acceptable. Plus globalement, les particuliers sont favorables à 55,3?% à la création d'une nouvelle journée de solidarité nationale pour financer la perte d'autonomie. Et ils sont 58?% à voir le recours à l'épargne comme une solution, et 50?% à privilégier une assurance complémentaire. Le recours sur succession paraît comme une bonne proposition pour plus de 55?%. Ce résultat, s'il est confirmé, marque un changement majeur dans le rapport à l'héritage et les conditions de financement de la grande perte d'autonomie. Ces chiffres prouvent une véritable prise de conscience de l'importance de trouver des solutions durables pour assurer le financement de la perte d'autonomie. Ils montrent aussi que l'on est loin du syndrome "?demain on rase gratis?" mais de l'émergence d'une grande maturité dans l'approche du sujet.
Face à la perte d'autonomie et au nécessaire soutien aux aidants, les résultats du Baromètre font apparaître le rôle croissant des entreprises. Ainsi 67,4?% des Français estiment que l'entreprise peut être un acteur majeur dans le cadre de la prévoyance. Pour les ressources humaines comme pour les délégués syndicaux, la branche professionnelle peut jouer un rôle majeur (60?%).
Les droits des aidants
De la même manière, il y a un mouvement très fort en faveur du renforcement des droits des aidants. Il s'agit d'abord du maintien des droits sociaux. Nous avions lancé avec Paulette Guinchard un manifeste en ce sens et l'on voit que les mentalités changent. Ce maintien est approuvé par plus de 85?% des DRH. L'aménagement des horaires est aussi plébiscité par plus de 85?% des salariés (qui mettent ce sujet en tête de leurs attentes) et pratiquement un DRH sur deux (46,4?%). L'aide au répit vient en troisième position, avec 72,5?% de soutien.
Enfin, ce baromètre nous donne aussi des pistes par rapport à la Silver économie. Il n'est pas neutre que plus de 88?% des Français déclarent attendre de la Silver éco des solutions pour aider au quotidien les personnes en perte d'autonomie. Au-delà des enjeux économiques de la filière, c'est bien sûr son apport à la vie quotidienne des gens qu'elle sera jugée et pérennisée.
Serge Guérin, Directeur du Master Gestion des établissements de santé de l'INSEEC Paris