La question de l'hygiène des locaux n'a jamais été aussi prégnante. Face à un virus qui n'a pas encore livré tous ses secrets, les établissements redoublent de prudence pour tenter d'enrayer sa circulation.
Face au virus, l'hygiène
L'hygiène des locaux est une préoccupation constante en Ehpad, mais l'arrivée de la Covid-19 a depuis plusieurs mois renforcé les mesures adoptées. Un nettoyage régulier des sols, des surfaces de contacts, des objets courants jusqu'aux poignées de portes, permet de limiter la transmission du virus. Si ces données sur les voies de transmission sont désormais connues, qu'en est-il du risque infectieux des plus petites gouttelettes en suspension dans l'air ?
Pour le Dr Philippe Carenco, gériatre, médecin hygiéniste au Centre hospitalier de Hyères, responsable de l'équipe mobile pour les établissements médico-sociaux du Var, « la transmission du virus par des gouttelettes en suspension dans l'air n'est pas le mode de contamination prédominant mais cela reste possible. En milieu clos, le virus se dépose surtout sur les surfaces. Quel que soit le nombre d'objets contaminés, seuls deux sont susceptibles d'amener le virus jusqu'à la bouche : la main droite et la main gauche, ajoute t-il non sans une pointe d'humour. D'où l'impérieuse nécessité de nettoyer les surfaces mais surtout de se laver les mains très régulièrement. » Le virus de la Covid-19 est sensible aux désinfectants et son enveloppe de nature lipidique est détruite également par les détergents (savon, lessive). Dépossédé de sa membrane, le virus devient inactif.
Renouveler l'air au maximum
« L'air se lave avec de l'air », explique encore le Dr Carenco, roi de la formule choc mais pour le moins explicite. « Un ventilateur ne modifie pas la concentration de l'air, il la brasse. Il faut donc aérer les pièces, pour renouveler l'air, et porter un masque pour empêcher le virus de sortir ou d'entrer dans l'organisme humain ». S'il ne sort pas, on n'en trouvera pas dans l'environnement. Le moment délicat reste donc celui où on enlève le masque, et ce, quel que soit le type de masque porté. « La façon dont on le porte (sur la bouche et le nez) vaut mieux que ce qu'on porte », ajoute le médecin hygiéniste, convaincu qu'un travail d'éducation reste encore à faire auprès du grand public voire de certains professionnels.
A la veille de la saison froide, comment chauffer les établissements ?
Comme pour les climatisateurs, il faut éviter de recycler l'air car on sait que ces appareils sont une source de pollution chimique qui dégrade la qualité de l'air intérieur, entraînant rhinites et allergies. L'air entrant doit venir de l'extérieur, même si cela représente un surcoût d'aménagement pour les établissements. Les équipes mobiles, composées d'un médecin hygiéniste et d'un infirmier spécialement formé, sont particulièrement sollicitées en cette période d'épidémie, mais sensibles à la responsabilité environnementale des établissements, elles demeurent des soutiens précieux pour mettre en place des pratiques adaptées et protéger résidents et professionnels.