Les neurosciences nous montrent que le regard porté par les hommes sur les femmes conditionne dès le plus jeune âge la manière dont elles vont investir et trouver leur place dans la société.
Nul besoin de revenir sur les années de domination masculine, où la femme, enfermée qu'elle est dans un rôle unique, panse, soigne, élève et nourrit les enfants, gère les affaires du foyer. Naturellement, on la retrouve à l'autre bout de la vie, accompagnant les parents âgés.
La femme a aujourd'hui investi la sphère professionnelle, pourtant les inégalités persistent.
Comme l'expliquait Roselyne Bachelot, dans un échange passionnant avec Laurence Rossignol1, les aidants des hommes vieillissants sont à 50 % leurs conjointes, puis leurs filles et enfin leurs fils. Les aidants des femmes sont en revanche encore des aidantes : leurs filles en premier lieu, puis leurs fils et à 14 % seulement leurs époux. Les hommes n'hésitent pas à solliciter une aide extérieure, un service à domicile par exemple, tandis que les femmes culpabilisent de se faire aider.
La répartition naturelle des rôles au sein de la famille continue donc d'impacter les femmes. Les filles s'occupent de leurs parents, les fils donnent un coup de main.
"Il faut du courage physique pour s'occuper d'une personne âgée ou malade. La lever, l'habiller, l'aider à faire sa toilette, c'est physiquement difficile", rappelle Laurence Rossignol.
Et si l'évolution de la société passait par l'éducation des petits garçons à cette forme de courage physique ? Et si sensibiliser les hommes, qui restent encore nombreux aux postes décisionnaires, permettait de changer le regard porté sur ce travail, et exercé majoritairement par des femmes ?
Car dans le fond, peu importe que ces métiers d'aide soient féminins s'ils sont reconnus à leur juste valeur et dignement rémunérés...