La loi sur l'adaptation au vieillissement vient d'être votée à l'Assemblée Nationale. Nous avons demandé à Claudy Jarry, Président de la FNADEPA, nous donne son sentiment sur le contenu et les moyens mis en oeuvre par le gouvernement.
Faire entrer un projet sociétal dans une petite enveloppe
Elle est loin d'être votée définitivement puis qu'elle doit passer au Sénat maintenant. Cette loi convient à la FNADEPA car elle est abordée sous l'angle sociétal du vieillissement.
Cette loi bénéficie, c'est assez rare pour être souligné, de crédits de la CNSA qui l'attendent. Elle permet de faire un pas en avant. Mais, ces 650 millions d'euros sont saupoudrés sur tout et rien, et surtout nous n'avons pas les perspectives du deuxième volet qui concerne les établissements. Il s'agit d'une loi bien posée mais dans un environnement économique extrêmement contraint. L'intention est belle mais le gouvernement n'a absolument pas les moyens des ambitions affichées.
Nous avons à coeur de consommer ces 650 millions parce qu'en 2013 et en 2014 ils ont été siphonnés pour d'autres causes et nous trouvons scandaleux que des sommes réservées pour la perte d'autonomie puissent aller ailleurs que pour cette fin. Cela pose la question de la parole des politiques mais aussi celle de la confiance des français envers l'impôt (car nous avons des précédents : la vignette, etc).
Concernant les aidants qui constituent un axe fort on envisage une enveloppe de 500 euros par an qui correspond à une semaine d'accueil temporaire ou 2 semaines d'accueil de jour. Qui peut croire qu'avec une semaine par an une personne âgée aidante, au front nuit et jour, peut s'en sortir... Incontestablement c'est mieux que d'avoir zéro mais cela reste en deça du besoin. Il faudrait assurément une semaine par trimestre. On sait aujourd'hui qu'un aidant sur deux meurt avant la personne aidée, que beaucoup souffrent de dépression et que la mortalité est beaucoup plus forte chez ces personnes. Il y a un constat fort et si on n'agit pas sur ce levier, au delà du drame humain, il y aura un défi économique pour la collectivité. Car quand l'aidant lâche, c'est la collectivité qui doit prendre le relais, avec des coûts bien supérieurs.
Un bout de chemin a été fait mais tellement inférieur aux besoins. Ce premier volet de la loi est à l'image de cet exemple : un manque de moyens patent. On fait entrer un projet sociétal dans une toute petite enveloppe.
Laurence Rossignol parle de créer une commission qui examinerait le reste à charge ?
Marisol Touraine a dit que cette question dépend des moyens dont disposera la France. Réunir des représentants des professions pour réfléchir et ne pas avancer par manque de crédits, je trouve cela un peu ridicule...
Si on droit réfléchir à la seule question des droit des usagers et de la tarification, avec la maîtrise du reste à charge, il faudra expliquer comment on trouve l'argent dans le système pour baisser ce reste à charge. Soit on met de l'argent soit on fait encore des économies. Oui ce secteur peut encore gagner en productivité, par plus d'innovation, par plus d'intégration de systèmes mais on n'ira plus bien loin maintenant. Si on promet une baisse de tarif il faudra bien dire quelle collectivité, de l'État ou du département, devra mettre au pot. Prétendre qu'on va réduire le reste à charge à périmètre constant est utopique.
Qu'on résolve plutôt le retard des conventions tripartites, qu'on soutienne résolument le secteur du domicile qui est en train de s'effondrer, ou l'investissement dans les logement-foyer, dans les EHPAD, notamment pour développer les PASA, qu'on accompagne les plans d'action qui suivront les évaluations externes... Nous avons les moyens d'engager l'argent prévu pour cela, sans délai.