Elles sont omniprésentes et au coeur même de nos métiers, pourtant il reste difficile d'en parler et de leur accorder une juste place dans nos lieux de vie.
Fin de vie et mort dans nos établissements
Récemment, j'ai rencontré une directrice qui nous disait : " La mort n'est pas un argument de vente très convaincant, il vaudrait mieux ne pas l'afficher ".
Pourtant personne n'est dupe, surtout pas les personnes âgées elles-mêmes. Elles savent très bien que c'est leur dernier domicile. Même lorsque la capacité de communication verbale est perdue dans un état très avancé de Maladie d'Alzheimer ou apparenté, elles arrivent à le communiquer.
La mort, cette inconnue
La mort des autres renvoie à notre propre finitude, intime et personnelle. L'inconnu, source d'angoisse primaire. Elle met d'autant plus mal à l'aise que l'on ne sait plus quelle place lui donner et comment en parler. En dehors de la gériatrie, elle est souvent taboue, niée ou oubliée, comme si elle n'existait pas, que l'on puisse lui échapper avec une bonne crème anti-ride. Seule la mort violente existe sur les écrans, celle qui fait peur et qui n'arrive qu'aux autres.
Les familles peuvent elles aussi être habitées par la même dénégation ou phobie de la mort. " Il faudrait que maman/papa soit ici en sécurité afin qu'elle/il ne meurt pas ". Elles expriment souvent l'espoir fantasmatique que les professionnels vont pouvoir "réparer leurs parents" du vieillissement ou de la mort. Dans ce contexte d'angoisse potentielle et de non-dit, les directeurs, les cadres et les équipes ont besoin de s'inventer des rites, des repères et une culture d'établissement où l'on donne une place à cette étape si importante de la vie. Les professionnels de l'institution pourront alors jouer leur rôle d'accompagnateur de fin de vie, contenir l'angoisse liée au changement ultime et inévitable, accueillir les émotions liées à la mort et au deuil.
Comment encadrer des équipes qui accompagnent les personnes âgées en fin de vie ? Quelle est la place des familles lorsque la responsabilité médicale et la relation d'aide repose sur les professionnels de notre institution ? Comment parler de la mort et que répondre à un résident qui vous dit " je vais (veux) mourir ".
On entend parfois les réponses " mais non vous n'allez pas mourir " ou " pas ce soir s'il vous plaît, je suis de garde ". Autant de formules à l'intention humoristique, qui expriment un malaise face à la personne que l'on a soignée, aidée et parfois choyée pendant des mois et des années.
Comprendre
Remplir les journées de vie et non pas la vie de journées est souvent exprimé comme un besoin de la part des résidents et leurs familles. Cependant, il ne s'agit guère d'acharnement thérapeutique ni de l'activisme effréné de nos aînés. Ces phénomènes semblent plutôt relever de la dénégation de la mort où l'on feint à oublier que nos établissements pour personnes âgées sont des lieux de vie où l'on meurt.
Accompagner l'autre avec l'empathie n'est pas lui faire ce que j'aimerais que l'on me fasse. Il s'agit de comprendre et ressentir ce dont l'autre a besoin dans sa situation. S'intéresser à sa différence, à sa vie, à sa façon de se préparer à mourir. Aider la personne à donner/trouver du sens à vivre jusqu'à l'ultime moment de l'existence.
Susanne ÖHRN
Psychologue et formatrice
Géroscopie formation propose un programme sur la fin de vie l'accompagnement des personnes âgées en fin de vie.
Cette formation a pour but d'aider les participants à situer le concept de mort dans le contexte socioculturel et d'être en capacité de parler de la mort. Ils pourront ainsi acquérir des connaissances pour mieux faire face aux situations de fin de vie. Ce programme permet également d'apporter une forme d'amélioration aux attitudes professionnelles et institutionnelles en sachant se positionner dans ce type de situation.
Pour plus d'informations, contacter le service client au 01 42 53 75 52 ou à formation@geroscopie.fr