Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa
Quels sont pour vous les enjeux du prochain quinquennat ?
Florence Arnaiz-Maumé : Commençons par dresser un bilan du quinquennat. La Loi ASV a apporté des avancées majeures pour les seniors et le secteur. Pour nos entreprises, des orientations économiques comme le CICE, le Pacte de Responsabilité et la Loi Travail ont constitué des signaux plutôt positifs. Nous souhaitons que le vieillissement et ses opportunités soientt une priorité du futur Président. Il devra notamment se saisir du financement de la perte d'autonomie pour favoriser une anticipation responsable du vieillissement. Dans les champs du Domicile et du Handicap, face à des besoins souvent sans réponse (fermeture de structures non commerciales de Services à Domicile) et des situations dramatiques (familles d'enfants handicapés devant trouver des places en Belgique), deux urgences s'imposent : laisser la liberté de choix des prestataires aux personnes et permettre à de nouveaux acteurs de proposer leurs services.
Avez-vous identifié des propositions de candidats qui vous paraissent pertinentes pour le secteur ?
Florence Arnaiz-Maumé : Nous avons retenu dans le programme de François Fillon l'harmonisation de l'APA et la réflexion sur une généralisation des contrats d'assurance-dépendance. Chez Benoît Hamon, la nécessité de rouvrir le débat sur la création de places en EHPAD. Enfin, Emmanuel Macron a identifié le potentiel de la Silver Economie comme accélérateur de croissance. En revanche, nous sommes extrêmement réservés sur la promotion du 5ème risque « Dépendance » par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, car inconciliable avec l'état des finances publiques.
Quelles sont pour vous les thématiques prioritaires ?
Florence Arnaiz-Maumé : L'une des priorités est la réforme et la simplification des aides à l'hébergement (aide sociale à l'hébergement, APL, déductions fiscales, aides CNAV) pour les fusionner en une allocation unique, dégressive selon les revenus. Cette mesure d'équité aiderait les personnes qui en ont le besoin réel.
L'ouverture de places et services sur l'ensemble du Parcours de la personne âgée est notre autre priorité. Pour le Domicile avec l'autorisation de nouveaux services dans tous les départements, pour les résidences services seniors (RSS) en facilitant leur implantation, et pour les EHPAD avec une possibilité de créations de lits. Favoriser le développement de notre secteur aura un impact bénéfique en France pour l'activité, l'emploi et l'investissement. Nous voulons aussi accélérer la promotion et la professionnalisation des métiers du Grand Âge qui offrent des perspectives de carrière grâce aux passerelles entre Domicile, RSS et EHPAD.
Le volet EHPAD de la loi ASV n'a pas vu le jour. Comment comptez-vous remobiliser sur ce sujet ?
Florence Arnaiz-Maumé : Si le volet « Financement de la perte d'autonomie » n'a pas vu le jour, ce texte a apporté des avancées. La première porte sur les droits et libertés des résidents dont le recueil du consentement et la liberté d'aller et venir. C'était important pour les résidents, les familles et les professionnels.
La deuxième concerne la réforme de la tarification afin d'octroyer à tous les EHPAD le même ratio d'encadrement soignant, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Enfin, il faut saluer le site www.pourlespersonnesagees.gouv.fr pour mieux connaître les aides, démarches et offres de services.
Vous défendez le parcours du résident. Qu'attendez-vous des politiques sur ce point ?
Florence Arnaiz-Maumé : Le SYNERPA est devenu une Confédération du Parcours avec la création de 2 syndicats : le SYNERPA Domicile et le SYNERPA RSS. La Loi ASV a consacré ce choix de Parcours, en donnant un statut juridique aux RSS et en passant à la tarification à la ressource pour les EHPAD. Pourtant, nous constatons qu'aucun candidat à la présidentielle n'aborde ce thème, ni celui du Bien-vieillir. Les propositions sont encore élaborées en tuyaux d'orgue. Cela ne fait pas écho à la modernité de notre secteur.