Difficultés de recrutement, manque de moyens humains et financiers, cloisonnements entre établissements et domicile, entre sanitaire et médico-social, limites d'une gouvernance locale complexe... Le secteur du grand âge est au bord de la rupture. Et réclame à corps et à cris une réforme, que la Fnadepa juge aujourd'hui vitale.
Fnadepa : 25 propositions pour une réforme durable
« L'enjeu est social, économique et sociétal. Mais il est, par-dessus tout, humain » tonne la fédération des associations des directeurs d'établissements et services pour personnes âgées lors d'une présentation à la presse ce mercredi 10 mars, au cours de laquelle elle présente un ambitieux programme de 25 propositions, pour réformer durablement l'accompagnement du Grand âge.
Un programme qui s'articule autour de trois axes majeurs : Soutenir les professionnels du Grand âge, Optimiser le parcours de vie des personnes âgées, Stabiliser la gouvernance et les financements des territoires.
Le 1er axe insiste sur la nécessité d'augmenter le nombre de personnels pour renforcer l'attractivité. Il s'agit en effet de réduire le turn-over et de renforcer la pluridisciplinaire autour de la personne âgée : soignants, accompagnants, mais aussi psychologues, animateurs, ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes, administratifs, etc. La Fnadepa suggère de développer des postes de médecins traitants salariés dans les Ehpad. « Cela permettrait de proposer des postes de médecin coordonnateur-médecin traitant à temps plein, levier d'attractivité médicale supplémentaire », insiste Annabelle Vêques, directeur de l'association. « Une action qui ne sera possible qu'en ouvrant très largement aux Ehpad la possibilité de passer au tarif global. »
La Fnadepa propose également de renforcer l'information et la formation des professionnels par la création d'un socle commun de formation pour passer d'un métier à l'autre, et ouvrir des passerelles entre les secteurs, en développant également l'apprentissage et la VAE.
La proposition n°5 souligne la nécessité de décloisonner les rémunérations, les professionnels du domicile et des résidences autonomie n'ayant pu bénéficier des revalorisations du Ségur. La Fnadepa indique vouloir éviter une « concurrence malsaine entre les structures ».
La communication est également pointée par la Fnadepa, qui propose de lancer une Grande campagne de communication inclusive pour changer le regard sur le grand âge. Pour lutter contre l'âgisme, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pourrait créer une charte visant à mieux représenter les personnes âgées dans les médias.
2e axe : Optimiser les parcours de vie
3 millions de personnes âgées de 70 ans et plus sont hospitalisées une ou plusieurs fois en services de soins aigus chaque année. Que ce soit à domicile ou en établissement, il est essentiel d'innover pour leur assurer un meilleur accompagnement. La Fnadepa pointe ici la nécessité de décloisonner les structures entre elles, de promouvoir de nouvelles organisations et de transformer l'offre. L'Ehpad doit être repensé comme un lieu ouvert vers l'extérieur, et une plateforme de ressources gérontologique.
La Fnadepa propose également d'impliquer davantage la personne et ses proches dans les prises de décision. Il s'agit ici de lui permettre d'exercer sa citoyenneté pleine et entière.
3e axe : stabiliser les gouvernances et stopper les inéquités territoriales
Pour en finir avec les différences de traitement entre personnes âgées, la Fnadepa insiste sur la nécessité de simplifier la gouvernance par un pilote unique. Elle en appelle à un « décloisonnement des modèles en simplifiant les dispositifs ». Les ars deviendraient des « ARSA, Agences Régionales de Santé et de l'Autonomie ».
Cet élargissement du périmètre des ARS devra, pour la fédération, s'accompagner d'un tarif socle national pour les Saad et d'une valeur de point GIR nationale pour les Ehpad. Les ARSA bénéficieront d'un renforcement des effectifs des délégations départementales. Par ailleurs, la transformation de leur Conseil de surveillance en Conseil d'administration permettra d'intégrer les représentants des usagers, des gestionnaires, mais aussi les Conseils départementaux qui auront une voix forte, notamment en matière de répartition de l'offre. En parallèle, les départements poursuivront leurs missions en matière de prévention, notamment par les conférences des financeurs de la prévention de la perte d'autonomie et par la mise en oeuvre de centres d'aides et d'information.
Enfin, sur la question du financement, « 9,2 milliards d'euros » permettront de rénover en profondeur l'accompagnement des personnes âgées. Sans cela, il serait impossible de réaliser les réformes nécessaires telles que l'augmentation du nombre de professionnels ou la revalorisation des aides à domicile et des professionnels des résidences autonomie, souligne la Fnadepa dans son dossier de presse.
Pour Jean-Pierre Riso, président, « Vieillir est une chance, il faut la saisir. (...) Ce secteur est soumis à des contraintes mais il est riche d'opportunités. Il crée des emplois, répond à des besoins. Rien n'est plus important que cette réforme du grand âge et la Fnadepa ne se résigne pas à un report de la loi grand âge et autonomie ».
Après la presse, c'est aux politiques que la Fnadepa entend présenter sa plateforme de propositions. Avec des échéances électorales qui devraient, elle l'espère, inciter certains à se positionner...