Initiée dans le Val-d'Oise (95), la démarche du réseau Régies95 est si convaincante que l'ARS vient de débloquer des crédits pour l'étendre au plus vaste département de l'Ile-de-France, la Seine-et-Marne (77). Cette initiative repose sur la formation de référents formateurs en santé orale, volontaires et motivés, pour développer dans chaque établissement accueillant des personnes âgées une culture de l'hygiène et du soin bucco-dentaire. Explications.
Former à la santé bucco-dentaire en EHPAD, une démarche d'excellence
Il y a 10 ans, le CLAN de REGIES95 sollicite comme ressource une équipe de chirurgiens dentistes, universitaires de Paris Descartes, enseignants, pédagogues de la santé, chercheurs, dont le Dr Joseph John Baranès, coordinateur, responsable scientifique et pédagogique des actions bucco-dentaire du Réseau Régies95. Ensemble, ils réalisent une étude pour évaluer l'impact clinique de la formation des soignants sur la santé orale des personnes vivant en établissement. Les résultats sont effrayants, révélant des états de bouche délétères, des prothèses chancelantes, de la dénutrition, des souffrances inutiles... Mais ils indiquent aussi que les professionnels sont disposés à intervenir. Leurs freins reposent sur une méconnaissance des gestes techniques et la peur de mal faire.
Former des référents en établissements
Très vite, l'idée s'impose. Il faut former un ou deux référents formateurs à la santé orale par établissement, pour développer la pédagogie, accompagner les équipes de terrain et maintenir une pérennité d'action en cas de turn-over. "Ces personnes ont pour mission de sensibiliser leurs collègues à la nécessité de réaliser un brossage quotidien des dents des résidents, explique le Dr Joseph John Baranès. Elles jouent aussi un rôle de sentinelle, capables de déceler une situation grave, susceptible de porter atteinte à la santé des résidents. Elles peuvent alerter le médecin coordonnateur, lui-même formé au juste soin par un chirurgien dentiste." En établissement, l'espérance de vie d'un résident excède rarement quatre années. Pas question donc de poser des implants ou de faire des soins longs et invasifs. L'objectif est de réaliser le soin stratégique qui favorisera une mastication sans souffrance.
Déployer le dispositif à d'autres départements
Les résultats sont si convaincants, avec une adhésion encourageante des équipes comme des dentistes libéraux, que l'Agence Régionale de Santé (ARS) d'Ile de France vient d'accorder un financement pour 4 ans. Le but : étendre l'opération au département de la Seine et Marne. C'est ainsi que le dispositif sera proposé à près de 120 établissements supplémentaires. Une nouvelle équipe de 8 formateurs vient tout juste d'être formée, prête à intervenir et mobiliser les praticiens de proximité.
Mais les projets ne s'arrêtent pas là. Des interventions d'équipes mobiles en établissement pourront être envisagées dans le futur. L'heure est d'abord à l'évaluation, en terme de bénéfice patient, de perceptions des connaissances, d'efficacité terrain. Le Dr Baranès se dit confiant. "On est aujourd'hui très soutenu. Faire partie des axes prioritaires de l'ARS est le signe tangible d'une volonté politique d'améliorer la santé bucco-dentaire des âgés, et avec elle les relations sociales, la nutrition, l'état général des personnes".