Adoptée à l'unanimité par son conseil d'administration, après des mois de concertation et d'échanges avec les acteurs de terrain et commissions d'experts, la plateforme politique de la Fédération Hospitalière de France développe 12 orientations politiques à l'attention des candidats à l'élection présidentielle.
Frédéric Valletoux, président et David Gruson, délégué général de la FHF
Quel constat faites-vous aujourd'hui ?
Frédéric Valletoux : Le système est à bout de souffle. L'hôpital est proche d'une situation de burn-out. Les organisations sont fatiguées et les personnels épuisés. Dès 2014, nous avions alerté le gouvernement sur le fait que des réformes économiques de fond devaient être engagées pour éviter de déstabiliser les hôpitaux. Elles n'ont pas été faites. Notre plateforme vise aujourd'hui à engager un nouvel échange avec les candidats.
Quels sont les principes phares de votre plateforme politique ?
Frédéric Valletoux : La plateforme est organisée autour de deux principes fondamentaux. Le premier est de préparer le système de santé aux défis du 21ème siècle dans un contrat républicain, garantir un accès aux soins efficaces pour tous. Le second, de changer de paradigme en fournissant des " clés de déverrouillage " pour lutter contre les freins, notamment administratifs. Il est temps de donner de l'oxygène à l'hôpital, aux professionnels qui le servent, de lutter contre la bureaucratisation, faire confiance aux acteurs de santé sur les territoires. La FHF veut baser son action sur le principe de responsabilité populationnelle, une responsabilité adaptée aux spécificités, aux organisations et à la réalité de chaque territoire.
Quels sont les chantiers prioritaires ?
David Gruson : Nous en avons retenu cinq :
- Le médico-social : Nous plaidons pour l'instauration du 5ème risque. Son financement repose sur un socle collectif relevant de la solidarité nationale. Nous proposons également des réponses plus précises et très pratiques comme le déverrouillage dans les EHPAD des trois sections tarifaires (soin, hébergement, dépendance) pour redonner une capacité de gestion globale aux acteurs.
- Les ressources humaines : La FHF entend soutenir l'attractivité médicale, et travailler sur la qualité de vie au travail. Pour les disciplines les plus en crise, il faut plafonner les écarts de rémunération avec le secteur privé et moraliser l'intérim. Cela passe par l'instauration d'un opérateur d'intérim para-public à honoraires maîtrisés. La FHF souhaite aussi mener des actions fortes de soutien au présentéisme par le rétablissement du jour de carence, qui représente pas moins de 90 millions d'euros d'économies annuelles pour le secteur hospitalier.
- L'innovation par le déverrouillage de la télémédecine, avec un modèle de facturation à l'acte. C'est plus globalement la révolution du numérique que la FHF propose, et notamment sur le terrain hospitalo-universitaire. Les dépenses d'avenir ont été la principale variable d'ajustement du gouvernement. La FHF souhaite que le futur Président de la République prenne l'engagement de consacrer une fraction au moins équivalente à ce que la santé représente dans le PIB, c'est à dire 11%, à la recherche.
Le développement des GHT doit passer par le renforcement des incitations et de l'accompagnement. Ouverture sur la ville et chemin d'intégration semblent être le point clef du temps 2 de ces GHT.
Le transfert des compétences aux professionnels paramédicaux. La FHF propose d'enfermer les autorisations des ARS et de la FHF dans des délais avec un mécanisme d'accord tacite pour limiter les blocages. Cette évolution donnera un bol d'oxygène à ces initiatives aujourd'hui bloquées sur le terrain.
Cette plateforme est résolument tournée vers l'avenir. L'idée est bien de déverrouiller les blocages, relancer l'investissement, structurer l'effort d'innovation et de recherche pour donner de l'oxygène aux hôpitaux et aux établissements médico-sociaux.
Retrouvez les 50 propositions sur www.fhf.fr