L'animation en maison de retraite se doit aujourd'hui d'être personnalisée et définie dans le cadre du projet d'animation, selon la typologie des résidents et leur pathologie. Mais quid du handicap mental ? Maison de retraite spécialisée, la Maison Valentine fait la part belle à la stimulation sensorielle et à la valorisation du rôle social.
Gérer l'animation pour personnes handicapées mentales vieillissantes
La Maison Valentine
1 place de l'Orme Saint-Marc - 91850 Bouray-sur-Juine
Martine Leonhart, directrice
Tél. 01 64 91 92 20
maison.valentine@orange.fr
57 résidents, 5 places d'accueil temporaire, 10 places d'accueil de jour
Composition de l'organigramme (87,45 etp)
Service Hébergement | Service Médical et para médical |
AMP + AS + 1 éduc'spé | Infirmière 24/24 + AS |
2 agents entretien + 2 lingères | Kiné, ergo, psychomot', psy |
6 animateurs | |
Sous-traitance du service restauration (Sogeres) et entretien des locaux ( Encorep) |
Créée par l'Adapei 91, soutenue par le Conseil Général, la résidence a vu le jour en janvier 2009. Seule structure dédiée aux personnes handicapées mentales vieillissantes, elle accueille à partir de 45 ans des personnes d'Ile-de-France, majoritairement de l'Essonne, anciens des ESAT ou issus du domicile.
Quel est le projet d'établissement ?
La Maison Valentine est un lieu de vie pour personnes handicapées mentales vieillissantes. Elles y sont chez elles. Elles y trouvent l'accompagnement et les soins nécessaires pour accompagner leurs pertes d'autonomie, y compris jusqu'à la fin de leur vie. L'accompagnement est organisé selon trois pôles :
- l'hébergement où les personnes sont accompagnées dans leur vie quotidienne (toilette, habillage, repas, courses, visites aux médecins extérieurs, organisation des vacances)
- le service médical et paramédical : des infirmières, un médecin généraliste et un psychiatre diagnostiquent et soignent. Une kinésithérapeute, une psychomotricienne, une ergothérapeute et des psychologues veillent à la rééducation mais surtout au bien-être des uns et des autres. Ils aident les résidents à vivre avec les dépendances qui se profilent à l'horizon
- l'animation, dont la structure est très spécialisée et composée de sept personnes : un éducateur sportif, deux anciens moniteurs d'ESAT, un musicothérapeute, un art thérapeute, et une AMP spécialisée en esthétique, une éducatrice spécialisée responsable des ateliers cuisine et informatique.
L'animation utilise tous les moyens possibles d'expression corporelle et sensorielle
Antoine Becot, éducateur spécialisé formé en musicothérapie et " porte-parole " de l'équipe d'animation a un parcours varié : de la prévention de la délinquance, en passant par les mineurs en danger et les foyers d'accueil d'urgence, puis à la gestion des troubles du comportement des enfants, il a choisi le handicap mental des personnes âgées car elles n'ont pas souvent accès au langage verbal et ne peuvent utiliser que le corps en mouvement, le ressenti.
L'expression corporelle est toujours favorisée dans les ateliers qu'il organise par petits groupes ou en individuel : les percussions permettent de " lâcher le mental " on danse avec son corps, on s'exprime avec lui en musique.
Les groupes sont composés soit par affinités, soit par typologie : les résidents apprennent à être ensemble, à se connaître, à se relaxer, à vivre aussi dans l'instant pour éviter l'angoisse du lendemain, prégnante.
Le sport, activité corporelle par excellence, est aussi préconisé : la résidence dispose d'une piscine de balnéothérapie, de tennis et d'un terrain de basket. Elle propose aussi des activités extérieures : tir à l'arc, club équestre, judo. Les résidents en fauteuil bénéficient d'ateliers " mobilité " et de parcours " agilité ".
La coordination des activités est inter-disciplinaire
Les activités, dont la coordination se fait entre animateurs et équipes d'hébergement, sont établies selon un calendrier hebdomadaire, avec régularité pour créer des repères. D'ailleurs certains résidents ne sont pas demandeurs d'activités, alors que d'autres en sont friands : le programme se fait donc à la carte.
Le médecin coordonnateur n'intervient pas dans le processus d'animation établi en équipe pluri-disciplinaire, sauf pour valider certaines activités qui nécessitent un certificat médical, on ne consulte pas son médecin pour qu'il prescrive des activités !
La Maison Valentine valorise le rôle social des résidents qui ont un devoir d'assistance aux autres
Certains ont quitté les ESAT, ce qui les isole et les fragilise : ils doivent continuer à se sentir utiles. Les deux animateurs - anciens éducateurs en ESAT - connaissent bien le phénomène.
Le projet d'animation de la résidence est bâti sur le triptyque suivant :
- les activités physiques, plus ou moins fréquentes selon les résidents
- l'expression personnelle grâce à musique, danse, théâtre, ordinateur, art culinaire ;
- un rôle social : les résidents ont un devoir d'utilité et d'assistance aux autres ;
Des devoirs, quels devoirs ? Faire les courses pour les autres, aller à la poste porter du courrier, mettre la table, débarrasser, aller chercher ou déposer du linge à la lingerie, servir le café après le repas, laver les voitures de service...
Deux activités sont particulièrement appréciées :
- le jardin thérapeutique où on plante des vivaces, on bouture, on cultive le potager et les fleurs, ce qui permet de fleurir la résidence
- et le " café gourmand " : sous la houlette d'une monitrice, les résidents cuisinent croissants et petits gâteaux. Bon appétit!