Pour grossir rapidement, rien de tel qu'une introduction en bourse réussie. Mais ce n'est pas sans conséquences sur la gestion et la transparence des sociétés.
Grands groupes privés : entre volontarisme et transparence
Si les groupes présents en bourse sont en pleine effervescence c'est qu'ils ont compris qu'il faut absolument grossir et se développer non plus seulement sur le territoire français mais en Europe et pourquoi pas dans le monde entier.
C'est vrai qu'il y a un «modèle français" et un savoir faire tout à fait exportable, que ce soit en Allemagne ou en Italie, et pourquoi pas en Chine !
Les expérimentations des groupes dans le domaine de la conception des résidences, d'espaces spécialisés Alzheimer ou Parkinson, l'architecturale générale de l'établissement (accessibilité, aménagement des chambres, toilette), l'organisation des animations, de la gestion centralisée, l'application des normes qualité, la mise en place d'écoles de formation, tout cela peut être reproduit ailleurs, dans des pays où la réglementation est moins développée ou dans des pays où il reste tout à faire. Ce qui est une contrainte en France devient un atout ailleurs.
A la conquête de l'Europe
Si sur notre territoire, il manque environ 40 000 chambres, les tutelles ne délivrent quasiment plus d'autorisations et la croissance doit passer par le rachat de maisons de retraite indépendantes (il en reste environ 700 de moins de 40 chambres). Résultat : nos quatre leaders débordent les frontières :
Korian devient le deuxième groupe le plus important en Allemagne après Pro Seniore depuis la reprise de Curanum avec 15 709 lits et 4339 lits en 'Italie (31 établissements); Espagne, Italie, Belgique et Suisse pour Orpéa (10 000 lits en Europe), Italie du Nord pour Medica (681 lits), Belgique pour Le Noble Age.
Aujourd'hui de nombreux établissements visent la Chine, eldorado dans un pays au vieillissement accéléré et sans aucune structure d'accueil. Orpéa annonce créer un partenariat avec un groupe chinois. Colisée Patrimoine (qui n'est pas en bourse) dispose déjà d'une filiale pour explorer l'Empire du Milieu, et de nombreux dirigeants font le voyage pour évaluer le potentiel mais aussi les risques...
Une croissance fulgurante
La croissance du chiffre d'affaires en France est forte (croissance organique +7,2% pour Orpéa, 9,5% pour Korian, +10,9% pour Medica), portée par l'inauguration de nouveaux EHPAD ou la rénovation de nombreux établissements, par la hausse du taux d'occupation, mais aussi par le sanitaire. Elle est encore plus forte à l'étranger (+69,6% au 1er trimestre 2013 pour Orpéa, +13,4% pour Korian).
De nombreux groupes ont acquis des établissements de soins de suite qui s'inscrivent dans une logique de filière. Par contre le secteur psychiatrique semble beaucoup moins attirant : Korian par exemple se sépare de 7 établissements psychiatriques totalisant 690 lits et 49 places d'hôpital de jour au profit d'un spécialiste de la psychiatrie.
Plus de transparence
La présence en bourse impose à ces quatre groupes de faire des efforts de transparence : les rapports annuels sont publics et leur gouvernance y est décrite ainsi que les valeurs clés des groupes. Enfin l'impératif de rentabilité est tempéré par le déploiement d'une démarche RSE (indicateurs), environnementale, et la participation aux démarches de santé publique (partenariats de recherche ou de solidarité, innovations technologiques, écoles internes).