Le Groupe Solemnes est constitué aujourd'hui de trois établissement en Ile-de-France, tous spécialisés dans la prise en charge de résidents souffrant de la maladie d'Alzheimer. Un quatrième établissement est à l'étude et devrait ouvrir ses portes fin 2011.
Groupe Solemnes Une expertise dans la prise en charge de la maladie d'Alzheimer
Nous avons voulu voir plus particulièrement la qualité de la prise en charge des résidents au sein d'un des établissements du groupe, dans le Val d'Oise. La résidence est implantée au coeur de la ville d'Eragny-sur-Oise depuis mars 2008, grâce à l'impulsion de Mme le Maire, Dominique Gillot, ancienne secrétaire d'Etat à la Santé puis aux personnes âgées dans le gouvernement de Lionel Jospin et qui tenait beaucoup à accueillir ce type de public. Avant d'arriver à l'inauguration, il a tout de même fallu batailler localement pour modifier l'image déjà négative des maisons de retraite, et pour vaincre les a priori sur cette maladie.
Les particularités de la prise en charge à Eragny : admission en douceur, moins de médicaments, libre circulation, adaptation très personnalisée.
La particularité de cette résidence de 91 lits, dirigée par Louis Nouvel, est tout d'abord que son médecin coordonnateur, le Dr Fromentin, est un salarié à plein-temps, assurant ainsi une présence permanente auprès des résidents et du personnel soignant. Celui-ci prône une prise en charge non médicamenteuse dans la mesure du possible : avec un GMP de 830, la résidence a fait baisser la prise de neuroleptiques à 8%, alors que la moyenne nationale est de 16%, dont les doses sont réduites de moitié par rapport aux recommandations de l'HAS.
L'investissement dans un espace Snoezelen, de l'ordre de 20 000 euros en 2009, a également fait baisser la consommation de médicaments.
Louis Nouvel, directeur de la résidence, kiné de formation et enseignant à l'Institut de soins infirmiers, en est persuadé. Il nous livre son expérience sur l'utilisation quotidienne de l'espace dont les séances peuvent durer de 10 mn à une heure : " L'accès à l'espace est tout d'abord une décision collégiale, car la thérapie - qui n'est pas une solution miracle - doit être faite dans trois optiques : la recherche de détente ou le lâcher prise, puis la stimulation cognitive via les jeux de lumières, les arômes, la musique, enfin un travail sur la motricité, grâce au matelas à eau et l'apesanteur. Il ne convient pas à tous les malades, ceux qui craignent les espaces sombres et fermés. L'espace est un outil parmi d'autres, surtout un outil de soins et d'apaisement ! Mais pour être efficace, le personnel doit absolument être formé à son utilisation, s'adapter, s'en imprégner avec un esprit particulier et de l'empathie. "
Adressés par les prescripteurs usuels - Clic, Ccas, hôpitaux locaux, Ssiad, médecins de ville et France Alzheimer - l'admission des résidents se fait en plusieurs étapes.
- Lors de la pré-visite le médecin-coordonnateur s'attache à la philosophie du " pas de doute " car son avis est prépondérant. Il s'assure de la compréhension qu'a le futur résident de sa situation : " que vous a-t-on dit de notre rencontre ? "
- Afin de le préparer au mieux à son entrée, le psychologue de l'établissement prend contact avec la famille.
- Son arrivée est annoncée aux équipes qui connaissent déjà le dossier du résident.
- Ensuite une période d'observation de deux à trois mois s'instaure, avant de fixer définitivement le projet de vie individualisé.
Circulations en trois dimensions et ambiance familiale
Afin de respecter la " liberté d'aller et venir ", les résidents peuvent circuler d'un étage à l'autre, d'une chambre à l'autre, ainsi que vers les jardins thérapeutiques sécurisés. En termes d'architecture, la résidence est en effet organisée en appartements communautaires non clos de 12 à 13 personnes, chacune disposant d'une chambre individuelle. Chaque étage est équipé d'un lieu de vie et d'un office, recréant en quelque sorte une ambiance familiale. Quatre membres du personnel sont référents par étage.
La formation continue du personnel est un axe fort de la prise en charge du résident
Une autre particularité est que la résidence s'adapte autant que faire se peut au rythme de la personne (déambulation de nuit, envie d'être casanier, petit-déjeuner tardif...). Cette adaptation n'est pas toujours simple et sollicite toute la compréhension du personnel, qui lors de son recrutement doit subir obligatoirement un processus de formation sous trois ans. Tout le personnel est donc formé à l'approche " Humanitude " créée par le tandem bien connu Gineste- Marescotti. Puis tous les ans, une formation collective se met en place. Actuellement, c'est la méthode Montessori qui est enseignée : elle est basée sur les travaux de Maria Montessori, de nationalité italienne, qui comme chacun sait était médecin et pédagogue, décédée en 1952. Les activités Montessori concernent tous les membres de l'équipe car elles permettent l'engagement des personnes atteintes de démences dans les actes de la vie quotidienne mais aussi dans des moments de vie ludiques qu'ils soient collectifs avec l'animateur ou individuels.
Un seul mot d'ordre est appliqué chez Solemnes : bienveillance et valorisation de la moindre activité.