Taro Aso, le vice-premier ministre du nouveau gouvernement japonais, a proposé le 4 février dernier à ses concitoyens en fin de vie de ne pas « encombrer » les services de gériatrie. Ce ne sont que des « personnes avec des tubes » a-t-il ajouté.
Hara Kiri générationnel ?
Celui qui est aussi ministre des Finances, a affirmé qu'il était impossible de « dormir tranquillement quand vous pensez que le maintien en vie de ces personnes est payé par l'État ». Pour lui la seule solution est de « laisser ces patients se dépêcher de mourir »...
Dans un pays qui a vu passer la proportion de plus de 65 ans de moins de 5% à plus de 25 % en seulement un demi-siècle, l'appel à un hara-kiri générationnel de Taro Aso ressemble à la première étape pour préparer les esprits à une sorte d'euthanasie d'État. Rappelons aussi que ce pays se distingue par la faiblesse de son taux de fécondité par femme (à Tokyo il est même inférieur à 1). D'un côté il faudrait supprimer les vieux, de l'autre, il n'y presque plus d'enfants. A ce rythme, et comme le rapport à l'immigration est assez tendue, le Japon finira par être une ile déserte... Taro Aso ayant déjà 72 ans, il ne verra pas cette issue fatale.
Mais le vice-premier ministre japonais ne dit-il pas tout haut ce que trop de monde pense tout bas ? Il y a toujours eu cette idée selon laquelle le faible coûte de l'argent. Ces idées simplistes qui banalisent le mal en expliquant par exemple que ce sont les dernières années de vie qui coûtent le plus cher. Sous-entendu : si on supprimait la dernière année de vie, le déficit de la Sécu ne serait pas aussi important... Poussons plus loin encore ce raisonnement grotesque : il faudrait aussi enlever la 1ère année de vie car c'est celle qui coûte le plus cher. Donc si on supprime la 1ère année de vie et la dernière, on atteint l'équilibre de la sécu. Et il n'y aura plus personne pour profiter d'une sécurité sociale bénéficiaire !
Finalement, il faudrait inventer une société qui interdise aux gens d'être malade, qui supprime le handicap, la fragilité et la faiblesse. Il faudrait aussi prohiber les interventions médicales trop lourdes, sauf si elles concernent des personnes sélectionnées ou si elles sont d'ordres esthétiques. Ensuite, il ne reste plus qu'à limiter l'espérance de vie à 45 ans, rendre illégal le fait de vieillir, interdire l'arrivée des rides, mettre à l'écart les femmes qui font plus que leur âge... Et le tour est joué... ! L'équilibre des comptes de la sécurité sociale (SS en abrégé) nécessite une France jeune, toujours plus jeune.
Ce ne sont d'ailleurs pas tant les jeunes qui sont aimés que la jeunesse. C'est un peu différent. La jeunesse est synonyme de modernité, et modernité veut dire acheter des nouveaux produits. Ce sont les produits qui durent qui sont mal vus sous le règne de l'obsolescence programmée. L'être humain, en se mettant à vivre de plus en plus longtemps, s'est en quelque sorte élevé contre l'obsolescence programmée.