En cette période automnale propice à la lecture pourquoi ne pas se replonger dans l'excellent ouvrage de Walter Hagemeyer Burkholder publié en 1919 sous le nom de : "La pourriture des racines sèches de la fève".
Histoire de bulbe
Ajoutons pour tempérer le peu d'enthousiasme que pourrait induire son titre que cet ouvrage ne fait que 37 pages et que son auteur gagne à être mieux connu. Mais s'il ne fallait lire qu'une publication de Burkholder c'est indéniablement à l'incontournable " La peau aigre : une pourriture bactérienne du bulbe d'oignon " qu'il faut s'attaquer.
Publié dans la revue Phytopathology en 1950, c'est dans cet article de 3 pages que Burkholder, né en 1891 et nommé professeur de pathologie végétale en 1917, y relate sa découverte phare faite l'année précédente. Connu aussi sous le vocable de pourriture molle de l'oignon les symptômes de cette pathologie sont assez classiques. Les tuniques internes du bulbe sont humides avec une coloration variant de jaune pale à gris et si vous exprimez la lésion il en sort un liquide à l'odeur acre. Difficile de se tromper. L'origine peut être fongique ou bactérienne. Ici c'est la variante bactérienne que vient d'identifier Burkholder donnant à ce nouvel agent infectieux le nom de Pseudomonas cepacia. Ce n'est qu'en 1992 que P. cepacia et six autres espèces de Pseudomonas seront transférés vers un nouveau genre appelé Burkholderia en hommage à notre phytopathologiste.
Infections respiratoires
Les lecteurs de cette chronique pourront se demander s'il faut mettre tant d'acharnement à raconter cette atteinte d'un bulbe qui n'a rien de cérébral. Et bien oui car hélas, comme nombre de ses congénères d'origine environnementale, Burkholderia cepacia est une bactérie opportuniste qui peut infecter l'homme sous condition de fragilité. C'est d'abord chez les patients atteints de mucoviscidose qu'on été décrites depuis les années 70 des infections respiratoires graves. Petit à petit B. cepacia, qui présente de plus une résistance naturelle élevée aux antibiotiques, est devenu un acteur redouté du paysage de l'infection associée aux soins dans les services de réanimation en particulier. Son aptitude à générer des épidémies via la contamination de produits comme des antiseptiques, savons ou des bains de bouche, mais aussi différents dispositifs médicaux, a été rapportée.
Récemment des auteurs américains ont décrit le cas d'un patient d'EHPAD de 89 ans avec un diabète de type 2 et porteur d'une gastrostomie et d'une sonde urinaire. Il se présente brutalement avec une hyperglycémie majeure dans un contexte fébrile. L'ECBU va révéler une infection urinaire à B. cepacia qui ne va pas s'améliorer avec le traitement antibiotique initial. Transféré en réanimation ce patient va décéder dans un contexte de choc septique.
Avec des résidents au terrain pathologique de plus en plus lourd la bactérie découverte par Burkholder peut poser de vraies difficultés de prise en charge et mérite que l'on prête attention à son émergence dans cette population.
Et vous, êtes-vous prêt à combattre cet agent infectieux ?
En savoir plus : http://www.cdc.gov/HAI/organisms/bCepacia.html