Hygiène du linge : mettre en place les bonnes pratiques professionnelles
L'hygiène du linge en EHPAD ne présente pas de difficultés : c'est une affaire d'organisation et de mise en place de protocoles précis concernant la prise en charge et le traitement du linge.
Avoir une bonne hygiène du linge passe par une bonne hygiène des opérateurs en blanchisserie, des locaux propres et du matériel en bon état. En effet, pour conserver au linge propre un bon état bactériologique c'est-à-dire ayant moins de 12 UFC par cm2 (unités formant colonies) il faut que les opérateurs aient les mains propres, qu'ils portent des vêtements propres (autrement dit des vêtements de travail régulièrement changés) et qu'ils ne soient pas eux-mêmes porteurs de maladies.
Dans la blanchisserie, la norme RABC recommande une séparation de l'atelier de traitement en deux zones, sans que cela soit obligatoire. Néanmoins une séparation physique est toujours plus efficace qu'une séparation dite " fonctionnelle ", toujours difficile à respecter (se laver les mains après avoir chargé du linge sale dans une machine et avant de décharger du linge propre avec les mêmes mains !).
En zone sale, les précautions à prendre sont simples : port de blouse, gants, charlotte et surbottes. Interdiction de passer en zone propre sans laisser ces accessoires dans le sas et sans s'être lavé les mains. Il faut aussi changer de blouse. Ces changements étant fastidieux, il est important d'organiser le travail soit en spécialisant un opérateur sur une zone soit en séquençant de manière intelligente le travail à faire dans une journée s'il n'y a qu'un seul opérateur pour tout faire. On voit que ces contraintes font perdre beaucoup de temps dans les très petites blanchisseries.
Du matériel neuf et performant
Question matériels de traitement, il est évident que la priorité ira à l'achat de matériel neuf, et aseptique, complété par un système de dosage automatique de produits liquides, disposé dans un local séparé.
L'hygiène doit concerner également tous les locaux de production et de stockage mais aussi les moyens de transport que sont les armoires et les chariots. Une pièce devra être aménagée à l'entrée de la blanchisserie, côté sale, pour le lavage et la désinfection des chariots. L'utilisation de produits désinfectants spécifiques est indispensable.
En ce qui concerne le linge lui-même, la question se pose de savoir s'il faut utiliser un produit de désinfection au rinçage pour tout le linge ou seulement pour le linge des personnes malades ? Personne âgée ne voulant pas dire personne malade, il est important de faire la distinction. En l'occurrence, c'est l'infirmière hygiéniste s'occupant de l'établissement qui doit conseiller la mise en place de protocoles dans les services et à la blanchisserie. Le protocole le plus courant consiste à mettre le linge sale des personnes malades dans des sacs plastiques solubles ou à ouverture soluble. Ainsi les personnels de l'EHPAD ne sont pas en contact avec ce linge potentiellement contaminé et ne risquent pas de transmettre les microbes. Ces sacs une fois remis à la blanchisserie seront mis en machine pour un cycle de décontamination. Une fois décontaminés, le linge rentre dans un circuit de lavage classique.
De plus en plus d'EHPAD font le choix d'utiliser des produits lessiviels liquides dont les formulations à base d'acide péracétique ont une action désinfectante. Ce choix permet d'éviter d'utiliser un produit de désinfection spécifique, généralement onéreux et très pénalisant en terme de charge polluante des effluents.
Surveiller que les résidents se changent régulièrement, bien respecter les protocoles de ramassage du linge dans les chambres, et de traitement à la blanchisserie, avoir une rotation du linge rapide et des personnels fortement impliqués dans leur travail sont les meilleures garanties d'une bonne hygiène non seulement du linge, mais des résidents !
Patrice Lefrançois