La toilette est un instant singulier et précieux de communication et d'échange entre les personnes âgées et les soignants en EHPAD. A condition de bénéficier de temps pour se mettre dans un état de disponibilité et d'accueil à un instant où la fragilité et la vulnérabilité de la personne sont à leur plus haut niveau.

Pour aider les professionnels, des recommandations ont été élaborées par les autorités sanitaires. Elles proposent un cadre permettant aux soignants de limiter la transmission d'agents infectieux et de prioriser leurs actions en fonction des besoins de chaque personne. « Le port de gants systématique lors d'une toilette par exemple peut être associé à de la maltraitance », explique Patrick Duchein, cadre de santé hygiéniste au CCLIN/ARLIN de Toulouse. « Il convient dans ce cas de limiter leur usage aux actes impliquant un contact avec les muqueuses, les liquides biologiques de la personne, la peau lésée ou lorsque des risques pathogènes existent. En EHPAD, on ne les maintient pas systématiquement de manière à conserver un cadre de vie agréable et sécurisé. »

Des gestes simples

Le Centre de Coordination de la Lutte contre les Infections Nosocomiales (CCLIN) a ainsi défini des mesures phares pour limiter les transmissions d'agents pathogènes.

- L'utilisation d'une solution hydro-alcoolique avant les soins et la manipulation du linge propre, et systématiquement en cas d'épidémie.

- Le port d'une tenue plastique, tablier de protection à usage unique, changé pour chaque résident. Ce tablier est recommandé pour des soins souillants ou mouillants et à risque de projections de liquides biologiques.

- L'utilisation d'un savon doux si possible liquide et propre à chaque résident.

- Le port de masque en cas d'épidémie grippale ou d'infection respiratoire aiguë, et le confinement dans les chambres si possible.

- Des cheveux propres et attachés.

- L'absence de faux ongles et de vernis, de bijoux aux mains et aux poignets (y compris montre ou alliance). « Les études montrent que les solutions hydro-alcooliques ou le savon ne nettoient pas correctement les mains lorsqu'il y a des bijoux. Elles passent mal sous les anneaux des bagues ou des alliances », ajoute Patrick Duchein. « Si les soignants se plient assez volontiers à l'interdiction de porter du vernis ou des faux ongles, nous avons plus de mal à leur faire enlever bijoux et alliances. »

La gale, un enjeu pour les EHPAD

Pour protéger les personnes âgées fragiles, il est nécessaire d'appliquer des règles strictes en cas d'épidémie. Qu'il s'agisse de la grippe, dont on a vu les effets cet hiver, des gastro-entérites voire de la gale en pleine recrudescence, les règles de confinement doivent être respectées le temps de la contagiosité.

Les familles sont invitées à reporter leur visite lorsqu'elles sont enrhumées, voire malades, et à informer le personnel.

«La gale est très problématique pour les équipes », explique Patrick Duchein. « Car le diagnostic est très difficile à poser et les proches n'osent parfois pas en parler. Pourtant le seul moyen d'éradiquer ce parasite et d'éviter ainsi les récidives et la propagation est de traiter simultanément l'ensemble des résidents, des familles et des personnels susceptibles d'avoir été en contact . Linge collectif et personnel, environnement proche, tout doit être décontaminé. Les familles doivent comprendre qu'il ne s'agit pas d'une maladie honteuse et en parler très rapidement. Il en est de même pour le personnel. Pour les aider des fiches inter CClin/ARLIN (1) sont à leur disposition. »

Astuce

Dans le trousseau du résident, n'hésitez pas à demander un coupe ongles et des ciseaux individuels pour éviter qu'ils circulent de chambre en chambre.