Le fait d'y penser va rapidement séparer en deux le lectorat. La quasi totalité va se retrouver autour d'un "Tiens ah bon, c'est amusant je n'y avais jamais pensé" et va passer à autre chose, allant au maximum à ouvrir un agenda papier ou électronique par curiosité. Par contre une infime proportion va passer en revue dans sa tête tous les premiers jours des mois des 10 dernières années pour vérifier la véracité de l'assertion. Si c'est votre cas vous êtes ce que l'on appelle un hypermnésique.

Si l'on y associe la charmante Poppy Montgomery interprétant le rôle de l'inspectrice Carrie Wells dans Unforgettable on trouvera le concept porteur. Pour les non adeptes de la série, Carrie passe en revue les scènes de crime dans son esprit, arrive à zoomer sur les détails et à dénouer nombre d'énigmes grâce à ses talents mnésiques sans limites. Mais tout cela n'est pas que fiction et la Californienne Jill Price née en 1965 a, elle, bien existé et fait l'objet de travaux scientifiques. Dès l'âge de 20 ans, si on lui donnait un jour, elle était capable de se le remémorer entièrement.

En 2013 des chercheurs américains ont décrit le cas d'un jeune homme de 20 ans aux initiales de HK que Google identifie très vite comme un gallois du nom d'Aurélien Hayman. Quand on lui demande combien de temps il passe à se remémorer des choses il répond 30% et il revit entièrement les scènes au travers de sa propre vision. Les chercheurs avides d'explication ont identifié chez lui une hypertrophie de 20% de l'amygdale cérébelleuse droite au détriment du volume des substances grises et blanches du cerveau. Des chercheurs américains évoquent même le concept d'immunité contre la distorsion mnésique tout en soulignant qu'elle n'est probablement pas absolue et en restant assez vague sur le mécanisme qui pourrait l'engendrer.

Si l'hypermnésie ne semble pas dépourvue d'aléas, la problématique actuelle du vieillissement est plutôt celle de son opposée l'amnésie avec entre les deux la perte progressive de mémoire. Le flash back et la réminiscence vont être ici des approches visant à en atténuer les conséquences. Des chercheur Irlandais ont eu l'idée d'utiliser YouTube à cette fin et ont testé un projet auprès de 6 patients atteints de démence. En s'aidant des proches ils ont constitué une base de données vidéo autour de sujets et souvenirs des patients pour animer des sessions interactives à raison de deux par semaine pendant 6 semaines. Au cours des séances en fonction de l'expression des patients l'accès à d'autres vidéos issues de YouTube était possible. La satisfaction de tous fut avérée avec l'assiduité aux séances et des progrès dans le langage furent notés ouvrant des perspectives d'usage thérapeutique de ce média social.

Et vous au fait, quels souvenirs vous avez de votre 14 juin 2003 ?

En savoir plus: http://hyperthymesia.net/jill-price-aj-woman-remembers-minute-detail-entire/