Dans sa conférence de rentrée, le 9 septembre 2020, la Fehap est revenue sur les conséquences de la crise Covid et a présenté ses propositions pour la création d'un « système de santé agile, solidaire et territorial ».
Il faut continuer à promouvoir les solidarités
Marie-Sophie Desaulle n'y va pas par 4 chemins. Après avoir redit sa fierté de présider une fédération aussi active et engagée, elle dresse un constat sévère. « La crise révèle la nécessité de continuer à promouvoir des politiques qui développent les solidarités », intergénérationnelles bien sûr, mais aussi entre les adhérents, et au sein des territoires. « C'est la voie pour surmonter les obstacles ».
La prévention en 1er lieu
Lorsqu'elle évoque le Ségur de la santé, Marie-Sophie Desaulle a un regret : la prévention, qui reste la grande oubliée de ces accords. C'est d'ailleurs le thème du prochain Congrès de la fédération, qui se déroulera exceptionnellement en ligne. « La crise a pointé de réelles inégalités de santé ». Avec le pic démographique annoncé, il est urgent de rendre la personne actrice de son parcours depuis son domicile. La prévention est une priorité.
La FEHAP souhaite ainsi renforcer la prise en compte de la "première ligne", au domicile et en EHPAD, articulée à toute la chaine de l'offre de soins de premier recours jusqu'à l'hospitalisation. Pour sa présidente, cela doit se traduire par une loi Grand-âge et autonomie à la hauteur des enjeux du vieillissement de la population et des besoins en dépendance, une 5ème branche couvrant tous les domaines de l'appui à l'autonomie, y compris les aides à la personne, l'intégration des personnes âgées comme des personnes handicapées, et des moyens adaptés, à savoir une enveloppe financière globale à la hauteur des enjeux et des besoins. La FEHAP estime le besoin en financement à 42 milliards d'euros. Enfin, une gouvernance partagée qui associe les personnes.
L'attractivité des métiers et des parcours professionnels
Autre enjeu et non des moindres pour les mois à venir, l'attractivité des métiers. Pour attirer durablement de nouveaux professionnels, la Fehap insiste sur la nécessité d'augmenter le recours à l'apprentissage qui permet aux jeunes de découvrir "les métiers de la vulnérabilité, faciliter la mobilité professionnelle et, dans le même temps, rénover les pratiques de management".
Par ailleurs, comme elle l'avait annoncé lors de sa conférence de presse en 2019, la FEHAP a lancé une grande consultation auprès de ses adhérents sur sa convention collective : la CCN 51. Avec un taux de participation supérieur à 30%, elle lance la seconde phase avec l'ouverture des négociations.
Elle souhaite ainsi :
- Que les mesures de revalorisation salariales concernent également les médecins
- Que les métiers du domicile fassent l'objet d'une revalorisation, y compris financière et au-delà d'une prime
- Une valorisation des métiers du domicile
- Que le mot « valorisation » soit entendu dans un sens global (pas uniquement financier). Il doit concerner le périmètre du poste, les missions, l'image
- Que l'exercice mixte (public-privé-libéral) soit favorisé, sans reste à charge pour la personne
- Que l'exercice libéral des médecins dans les ESPIC soit autorisé sans reste à charge pour les patients
Côté financement, un cadre clair doit être établi. Il permettra de pérenniser les coopérations entre tous les acteurs, sanitaires, sociaux et médico-sociaux, qui ont par ailleurs montré leur efficacité pendant la crise. « Le travail conjoint doit être encouragé et avec des modes de rémunérations envisagés spécifiques incitatifs. En un mot, il faut une équité de traitement », a précisé Marie-Sophie Desaulle.
Enfin, la fédération souhaite une plus grande coopération des territoires, une politique de santé de moins en moins descendante mais partant des réalités de terrain, « qui se construisent ensemble. C'est la logique de la souplesse », ajoute l'énergique présidente. « Il y a des freins, des peurs, mais il peut aussi y avoir des opportunités. »