Dans le n° 65-février 2016  - Bernard Hervy, vice-président du GAG  5365

Il faut un programme d'animation important et diversifié

Bernard Hervy, fondateur du GAG et animateur du congrès du CNAAG 2015, poursuit sa lutte pour une meilleure reconnaissance du métier d'animateur social avec les personnes âgées.

Quelle est l'évolution du métier d'animateur ?

Le métier est de plus en plus reconnu: la professionnalisation a rempli son rôle. Les méthodologies sont solides. Les transformations viennent plus de l'environnement : des structures se regroupent, y compris domicile et établissements d'hébergement, avec ou sans forfait de soins, et l'animateur est amené à intervenir de plus en plus sur différents sites et auprès de différentes catégories. L'animateur devient plus l'animateur d'une population de personnes âgées plutôt que l'animateur de telle ou telle institution. C'est une tendance que l'on voit apparaître avec les regroupements de structures et dans certains départements, comme le Finistère, encouragés fortement par le département qui, pour le domicile, fait intervenir des bénévoles mais sans encadrement. Ce département propose aux établissements de libérer leur animateur professionnel une journée par semaine pour qu'il puisse coordonner les interventions à domicile. C'est tout bénéfice pour l'institution, pour l'animateur et pour les personnes âgées aussi parce qu'on réduit l'écart entre l'institution et le domicile. Des passerelles se mettent en place avec des gens qu'on connait qui arrivent à l'institution...

Est-ce que les plateformes de répit utilisent les animateurs ?

Oui, et il s'en crée de nombreuses. La plus importante est celle créée par ProBTP : le village répit famille. J'ai directement participé à la conception de ce village où ils emploient beaucoup d'animateurs. Il y a des animateurs sur la partie village vacances pour les familles et des animateurs sociaux dans l'unité médico-sociale. Il y a une combinaison d'animateurs d'activités pour assurer une continuité d'animation comme on en trouve dans les EHPAD.

Est-ce que ce type de village va se multiplier ?

Les éléments de répit, oui il y en aura... Ce n'est pas la solution miracle : c'est un temps de récupération pour la famille, pour reconstruire un certain nombre de choses, retrouver des centres d'intérêt à être ensemble en famille. C'est quelque chose qui a une utilité mais qui restera à la marge.

Certains diplômes d'animateurs sociaux sont aujourd'hui reconnus ?

Nous avons créé le diplôme suite à la canicule. Il a été décidé par le Ministre en 2003, on a travaillé dessus en 2004, il a été officialisé fin 2005 suite aux violences urbaines... car c'est une qualification pour tous ceux qui travaillent avec des publics spécifiques, qui sont en rupture de liens ou en risque de rupture de liens. Les processus de désinsertion sont les mêmes, en banlieue et pour les personnes âgées, mais si les conditions de désinsertion ne sont pas les mêmes. C'est le même métier. Le diplôme a été reconnu par la fonction publique hospitalière en 2007 et le diplôme de niveau 2 qu'on a créé en 2008 a été reconnu seulement en février 2014.

Avec l'éducation nationale, il y a le DUT animation carrières sociales qui existe depuis 1967. Il y avait une équivalence partielle avec l'ancien diplôme animation, et avec le nouveau diplôme il n'y a pas été prévu d'équivalence par rapport au DE (Bac +2). A l'université on va enseigner davantage l'analyse sociologique, et théoriquement les élèves sont meilleurs sur l'expression écrite, mais sur la méthodologie et la mise en pratique sur le terrain, ce sont les formations de la filière professionnelle (Jeunesse et Sport) qui sont meilleures. Je tiens absolument à ce qu'il y ait des équivalences partielles et réciproques. Ceux qui viennent de l'université ont besoin d'un complément de méthodologie pratique mais je veux aussi que ceux qui ont suivi la filière professionnelle puissent poursuivre des études dans la filière universitaire s'ils le souhaitent.

N'y a-t-il par une forte proportion d'animateurs travaillant à temps partiel ?

Nous travaillons avec tout le monde, quel que soit le secteur. Les conditions d'exercice varient entre le public et le privé commercial, mais c'est le même métier. C'est vrai dans le privé commercial mais c'est en train de changer parce qu'ils arrivent à remplir mais pas à fidéliser les gens. Parce que l'hébergement coûte en gros 1000€de plus par mois et il faut que ces 1000€ de plus correspondent à quelque chose. Si les familles trouvent les mêmes prestations à 1000€ de moins, elles vont prendre. Pour un public aisé, payer un peu plus ne pose pas de problème à condition que ça corresponde à une prestation supplémentaire. Sur quoi développer cette qualité supplémentaire ? Ce n'est pas sur la qualité de soins, ni sur le bâti (le territorial ou l'associatif ont développé une qualité de bâti équivalente), ni sur la restauration. Donc la différence se fait sur la vie des personnes, les projets. C'est pourquoi ils se disent qu'il leur faut une politique d'animation sérieuse, non pas avec des gens à temps partiel le temps d'une photo à mettre dans leur catalogue ou sur le site internet, mais avec une professionnalisation de l'animation, l'amélioration des performances. Ils se disent : on a amélioré en soins avec des vrais soignants, en gestion parce qu'on a pris de vrais gestionnaires, il faut qu'on améliorer en animation avec des animateurs professionnels. C'est très positif car cela mobilise tout les concurrents.

On construit de nombreuses résidences services, avec semble-t-il besoin d'animations ?

Oui et il y aura progressivement à partir de 2016 les résidences autonomie où il y a un forfait autonomie qui est prévu sur la prévention de la dépendance avec un gros flou (dépendance physique ou sociale ?). On peut considérer qu'une partie du forfait autonomie peut passer sur ce poste : nous sommes très clairement sur un travail sur l'autonomie sociale, la capacité à déterminer sa vie en fonction de ce qui est important et de l'environnement. Il y a une montée récente des exigences de la part des directions, des gestionnaires et des groupes et une montée des exigences des familles et des résidents.

Vous êtes fier de ce que vous avez initié ?

En quinze ans nous avons créé une profession et je vois des résultats...

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