Depuis plus de 15 ans, Marie-France Texier exerce des missions en hygiène hospitalière. Elle est actuellement cadre hygiéniste au sein d'une équipe d'hygiène hospitalière et mobile du Var. Elle intervient par convention dans les établissements médico-sociaux pour les accompagner dans la prévention du risque infectieux et épidémique.
Infirmière hygiéniste, prévenir avant tout
Comment intervenez vous dans les Ehpad ?
Attachée au centre hospitalier, notre équipe mobile d'hygiène, composée d'un médecin hygiéniste etd'un praticien, cadre infirmier ayant suivi une formation universitaire d'hygiéniste, peut être missionnée par l'ARS. Après signature d'une convention entre les directions des établissements du Centre hospitalier et de la structure médico sociale (Ehpad, FAM, MAS), nous pouvons intervenir 5 jours par an voire plus si besoin. Lors d'une première rencontre avec le directeur de l'établissement, l'Idec et le médecin coordonnateur, nous définissons les besoins et attentes puis nous réalisons une visite de structure. Cet audit nous permet de renseigner le document d'analyse du risque infectieux en établissement médico-social (DARI).
Quel est votre champ d'intervention ?
Il est très vaste. Nous analysons les circuits logistiques de gestion du linge et des déchets, le réseau d'eau pour les risques de légionnelle, la restauration, les soins infirmiers et de nursing, l'entretien des locaux (matériel, méthodes, produits), jusqu'à l'organisation des locaux dans l'établissement. Nous constatons le plus souvent des besoins dans l'harmonisation des pratiques, d'actualisation des connaissances et de procédures parfois non à jour aux regard des dernières recommandations, en l'absence de cellules qualité en charge de la gestion documentaire. Nous émettons alors des recommandations, en définissant des axes prioritaires en fonction des points critiques repérés. Car nous ne pouvons aborder tous les champs en même temps.
Cela suppose-t-il de nouveaux investissements pour les Ehpad ?
A court terme oui mais on leur fait toujours réaliser des économies. Les produits d'entretien par exemple sont souvent sur consommés et en excès. Nous commençons par limiter les usages et stopper les commandes inutiles. En général, un Ehpad réduit ses factures de 10 000 euros après notre passage. S'il y a bien sûr des principes généraux, nous adaptons nos recommandations aux spécificités de chaque structure, comme l'architecture, qui joue un rôle prépondérant dans l'organisation des soins. L'accompagnement se fait en binôme. Le médecin s'occupe de la partie médicale, moi des soins avec l'Idec et les équipes. Je propose des formations aux bonnes pratiques par exemple ou revois l'organisation des soins.
Pourquoi êtes vous si peu sollicités voire connus ?
Parce que notre formation universitaire n'est pas reconnue comme une spécialité. Elle n'offre donc pas d'attractivité, ni de moyens supplémentaires. Par ailleurs, nos postes sont réglementés par décret. C'est ainsi qu'il y a un poste d'hygiéniste paramédical pour 400 lits, et un poste de praticien pour 800 lits dans les établissements sanitaires. Et aucune obligation pour le secteur médico-social.
Comment évaluez-vous vos résultats ?
C'est un travail de long terme. Mais dans cette période d'épidémie, nous avons constaté que les établissements que nous avions déjà accompagnés nous avaient peu sollicités. Loin d'être des inspecteurs, nous sommes des facilitateurs. Les difficultés rencontrées par les établissements sont souvent liées à l'absence d'accompagnement et d'expertise dans les domaines de l'hygiène et de la prévention. Notre rôle est de soutenir les équipes sans pour autant faire d'ingérence dans leur travail, et leur proposer des outils pratiques et concrets pour sécuriser l'environnement des soins et de fait la survenue d'épidémie.