En cette période inédite de lutte contre la propagation du Covid-19, le confinement oblige les professionnels des EHPAD à mettre en oeuvre des solutions innovantes en termes d'accompagnement.
Informer et responsabiliser les résidents
Dans un avis rendu le 13 mars 2020 en réponse à la saisine du ministre de la Santé et intitulé « Covid-19 : enjeux éthiques face à une pandémie », le comité consultatif national d'éthique (CCNE) précise : « les messages de prévention et de précaution concernant les visites dans le cadre des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) visent à protéger des personnes particulièrement vulnérables, mais ne dispensent pas de trouver des solutions innovantes permettant d'éviter la rupture du lien intergénérationnel sur de trop longues périodes. » Cette préoccupation a immédiatement été celle de Cyril Bride, Directeur de deux EHPAD de 86 lits à Banyuls-sur-Mer et de la résidence autonomie La Castellane à Port Vendres dans les Pyrénées-orientales : des tablettes équipées de Skype et WhatsApp ont été mises à la disposition des résidents afin de préserver le lien entre le résident et ses proches. Un point essentiel pour Judith Mollard-Palacios, experte psychologue de l'association France Alzheimer et maladies apparentées et psychologue libérale : « Si le contact direct est interdit en présentiel, il reste possible par téléphone et par système vidéo. Des personnes en EHPAD, même avec des troubles cognitifs, s'adaptent plutôt bien à la situation dès l'instant où on leur explique les raisons de ces mesures sanitaires et où on les informe régulièrement. N'oublions pas que certains de ces résidents ont vécu d'autres grandes épidémies. Il est donc essentiel de responsabiliser les personnes hébergées, de leur répéter qu'elles participent collectivement à la limitation de la propagation de l'épidémie et de ne pas les considérer seulement comme des victimes qui vont subir la situation. »
Dès la mise en place du plan bleu, Cyril Bride a organisé un conseil de la vie sociale extraordinaire pour expliquer aux représentants des résidents, des familles et des CCAS ce qu'allait être le confinement. « Moins on en sait, plus c'est anxiogène. J'ai toujours considéré que nous pouvions tout nous dire. Il est donc essentiel de partager les mêmes informations. Dans ces conditions, résidents et familles se montrent très compliants », témoigne le Directeur qui salue par ailleurs les conditions de travail avec la délégation départementale de l'Agence régionale de santé Occitanie et le Conseil départemental des Pyrénées Orientales. « Les informations ont été claires et efficaces. Nous avons eu le temps de nous préparer et de mettre en oeuvre l'organisation pour faire face. Nous avions aussi des solutions hydro-alcooliques et des masques d'avance. Depuis l'entrée en vigueur du stade 3 du dispositif de gestion de l'épidémie, je participe aux transmissions pour faire le lien entre toutes les personnes présentes dans l'établissement et pour répondre à toutes les questions ». Cyril Bride a également établi un plan de continuité d'activité en mode dégradé. « Mais nous sommes malheureusement habitués à ce mode dégradé », ajoute-t-il.
Ne pas oublier les soignants
Et comment vont les soignants ? Si le CCNE appelle dans le même avis précité à la mise en place d'« une réflexion éthique de soutien auprès des équipes soignantes », Judith Mollard-Palacios insiste également sur l'importance d'organiser l'accompagnement des personnels soignants au sein de l'EHPAD ou éventuellement en visioconférence avec un psychologue.
Mais pour l'heure, ils font face. Courageusement. Et Cyril Bride tient à rendre hommage à leur « implication remarquable. Malgré les grèves et le refus du gouvernement de répondre aux demandes d'amélioration des conditions de travail et de revalorisation salariale, c'est une grande satisfaction pour un Directeur de constater que tous les professionnels sont à pied d'oeuvre pour garantir la qualité d'accompagnement de nos résidents ».