La prise en charge des personnes âgées fragilisées continue son évolution. Il y a du bon et il y a du moins. Les représentants du secteur, syndicats et fédérations des directeurs, donnent leur point de vue. Enthousiasme, indignation, regret, optimisme, les réactions sont aussi complexes que variées.
Interview de Claudy Jarry, président de la FNADEPA (Fédération Nationale des Associations de Directeurs d'Établissements et services pour Personnes Agées)
Quels changements majeurs sont survenus dans le secteur depuis trois ans ?
Nous sommes dans une phase de désillusion alors qu'après la canicule de 2003, une dynamique s'était mise en place. La production de politiques publiques se ralentit, les financements des Conseils généraux sont en chute libre. Cela rend illusoire la démarche qualité. Aussi les directeurs revoient leurs ambitions à la baisse. C'est frustrant pour l'équipe qui comprend aujourd'hui que les objectifs assignés ne mobilisent pas de moyens supplémentaires.
Pourquoi les Français ont-ils une mauvaise image du secteur ?
Lors de la canicule, il y a eu une émotion nationale relayée par les médias. Les pouvoirs publics ont annoncé des attentions, mis des moyens, aussi les attentes des Français sont devenues beaucoup plus fortes. De plus, le secteur est médiatisé et les médias, surtout les télévisions, jouent un rôle assassin en relayant les cas de maltraitance en établissement comme s'il s'agissait de la norme. C'est injuste : la qualité est meilleure qu'elle ne l'a jamais été et la maltraitance survient le plus souvent à domicile.
La responsabilité incombe aussi aux représentants des professionnels. Dire que tout va mal crée de la peur.
Quelles sont les perspectives du secteur dans les 30 ans qui viennent ?
Il faut réfléchir sur deux axes. Le premier est l'intégration, dans la cité, de logements adaptés aux personnes âgées. Avec un loyer raisonnable qui laisserait des ressources pour acheter des services à domicile et se comporter en citoyen. Le second est d'améliorer l'existant en s'emparant d'outils de gestion modernes. Je crois à la mutualisation des ressources, non pas pour supprimer des postes mais pour partager les compétences. Cela étant dit, on ne fera pas l'économie d'apporter des moyens au secteur. On sait que quand les personnes âgées refusent les services à domicile parce qu'elles sont exagérément mises à contribution, leur perte d'autonomie est plus rapide...