La prise en charge des personnes âgées fragilisées continue son évolution. Il y a du bon et il y a du moins. Les représentants du secteur, syndicats et fédérations des directeurs, donnent leur point de vue. Enthousiasme, indignation, regret, optimisme, les réactions sont aussi complexes que variées.
Interview de David Causse, Coordonnateur du Pôle Santé-Social de la FEHAP (Fédération des Établissements Hospitaliers et d'Aide à la Personne, à but non lucratif).
Quels changements majeurs sont survenus dans le secteur depuis trois ans ?
En 2007, le secteur de la gérontologie était conquérant, en phase avec des pouvoirs publics très attentifs, ayant encore à l'esprit le choc politique de la canicule : promulgation de la Loi DALO avec bénéfice de la TVA à taux réduit pour les travaux des établissements pour personnes âgées et handicapées, lancement du plan solidarité grand âge avec sa planification ambitieuse du développement de services sanitaires et médico-sociaux, médicalisation accentuée des EHPAD,... la CNSA et ses 2 à 3 centaines de millions d'euros pour des subventions d'investissement. Aujourd'hui, tout semble manquer de souffle. Les EHPAD affrontent des stagnations de tarifs hébergement, voire des baisses, des demandes de Conseils généraux de diminution de leur capacité habilitée à l'aide sociale, ce qui était impensable en 2007. Et le plan Alzheimer a du mal à " prendre " dans le milieu gérontologique social et médico-social.
Pourquoi les Français ont-ils une mauvaise image du secteur ?
En toutes choses, il ne faut pas confondre le message et le messager. Personne ne souhaite être contraint d'entrer dans une maison de retraite ou d'y aller voir ses parents. La préférence pour le domicile est là et elle est logique. Cela doit nous faire respecter plus encore le métier de professionnel en EHPAD parce qu'il exerce dans un domaine où le stigma social péjoratif fonctionne à plein. C'est ce qui explique mon affection particulière pour ce secteur et celui de la psychiatrie.
Quelles sont les perspectives du secteur dans les 30 ans qui viennent ?
D'abord un gros travail de rassemblement des EHPAD de tailles trop étroites pour constituer des équipes et des fonctionnements solides. Les assemblages se feront aussi avec d'autres formes de services (SSIAD, services à domicile, portages,...). Pour la FEHAP, présente sur tout le parcours de soins et d'accompagnement des personnes âgées, c'est un terrain d'aventure et d'innovation transversale formidable : des soins aigus ou palliatifs, aux soins de suite et de réadaptation gériatriques, en passant par l'HAD et les SSIAD, pour intégrer plus avant aussi l'hébergement temporaire et l'accueil de jour.